mardi 4 mai 2010

AnaCo 2 - Andele fait des mignardises à une caméra de surveillance et Jazz-Moro refuse de se répéter (et on aperçoit le bus 96)

Didier de Lannoy
Vieux Didier s'intronise président-fondateur de la branche congolaise de la famille (avec Zora Lee et bus 96)
Dépêches de l'agence de presse privée Ana et le Congo (AnaCo) - Série 2
Deuxième compil de dépêches (déchaussées, divagantes, yoyotantes) de l’agence de presse privée AnaCo : recueil de non-dits, de cartes postales électroniques, de clichés de famille et de « cartons de château » résolument nunuches… dans lesquels, avant sa crevaison, Vieux Didier raconte à sa façon, en se donnant toujours le beau rôle, la vie dure qu’il a menée à Motema Magique et s’applique à faire des mignardises et des chatouilles à presque tout le monde parce que (le contraire aurait été trop risqué) « on ne peut quand même pas dire du mal des pendards de sa propre bande »
Nassogne (Badja), Matonge (Bruxelles), 2006-2007
Extraits - En vrac




Sur l'agence AnaCo, voir aussi:
http://anaco1.blogspot.com/

et
http://anaco3.over-blog.net/


Sur le Congo, voir aussi (notamment):


Les cartes y sont toujours chaudes


A l’angle de la rue Maes et de la rue de Venise se trouve

- Ne serait-ce pas plutôt une ancienne poissonnerie ?

un tripot.


A droite quand on remonte la rue Maes en direction de la chaussée d’Ixelles ? Au coin ? N’y aurait-il pas erreur et une scène de ce genre ne se déroulerait-elle pas plutôt à Anderlecht, dans un café de l’avenue d’Etterbeek ? Ou à Schaerbeek, dans un café de la rue Rubbens ? Ou dans une ancienne grange, attenante à une vieille ferme à l’abandon, aux environs de Gembloux ?


Les cartes y sont toujours chaudes.


Parties de cartes en cours dans l’arrière-salle du café. Samedi. Dans la soirée. Texas hold’em poker. Huit tables de jeu comptant chacune dix joueurs. Soixante-cinq euros

- Dont quinze vont à l’organisateur du tournoi !

d’entrée de jeu. Irruption des flics. Une bonne vingtaine de roussins de la police fédérale accompagnés d’un chioteur de la commission des jeux de hasard et de plusieurs reniflettes de l’Office national de l’emploi.


Les cigarettes, permettant d’entrer en contact avec des fantômes affamés et des esprits tourmenteurs, sont rapidement écrasées ou achevent de se consumer dans les cendriers. Les shérifs fouillent le prêtre

- L’usurier du quartier !

officiant et

- Faisant également office, à titre gracieux (il suffit de demander), de tueur à gages d’occasion, au service des petits-neveux et petites-nièces qui se sentiraient mal aimés et craindraient d’être bientôt déshérités ! Et de protecteur bénévole (il suffit de demander) des solderies, snacks, nights-shops, nights-shops et cybercafés du quartier !

découvrent, dans les grandes poches intérieures de la soutane rapiécée du saint homme, cinquante jeux usagés, un révolver et deux grenades, quatre-vingt jeux neufs (encore emballés), une kalachnikov, un couteau à cran d’arrêt et trois mille cinquante et un jetons de toutes les couleurs (noirs, verts, jaunes, mauves, rouges, bleus et roses) et de toutes les formes (grands, petits, ronds, rectangulaires) et une importante

- On ne joue pas au poker pour rien !

somme d’argent : plus de neuf mille cinq cent euros et

- Monsieur le Père travaillait-il pour la mafia locale ?

une image pieuse brûlée


Des PV sont dressés. Des clandestins sont embarqués et remis à l’Office des étrangers. Des chômeurs, surpris à jouer, sont

- Sinon vous perdrez vos allocations pour avoir « travaillé au noir » !

invités à balancer tout le monde.


Avec la même bouche


On parle, on mange des vers de terre bouillis, on ment, on suce, on gobe, on mord, on avale, on recrache, on offense, on fulmine, on outrage, on invective

- Arrête de me gueuler dessus !

on dégueule, on joue à qui va jouir

- Baisse le volume de tes cris, petite chérie, les voisins vont appeler la police !

- Tu te prends pour qui, Ducon ? Tu serais incapable de tirer un son d’une flûte à bec ou d’une clarinette… et même de sortir un pet d’une turlurette ou d’une cornemuse !

le plus fort et on embrasse

- Fais-moi quand même un baiser homosexuel, douchka ! Je t’y autorise…

- C’est quoi un baiser homosexuel, petite chérie ? Et ça se donne sur quoi, la bouche, l’anus ou le minou ?

- Quoi donc, tu ne sais même pas ce que c’est qu’un baiser homosexuel ? Ou alors refuserais-tu de m’accorder ça ? Un homme marié ne pourrait pas me faire un baiser homosexuel à sa femme mariée ? C’est interdit dans quelle Bible, dans quelle Torah ou dans quel Coran ? Les hommes mariés n’ont pas la même bouche que les homosexuels ?

avec la même bouche ?


L’empereur Hirohito et Mao Zedong, le grand timonier

Est-ce bien vrai que Jipéji, Kafui, Teresita, Pepita, Passyna, Yone, Ima, Lucia, Carmen, Sole, Bunta, Adjara, Olga, Espé, Gloria, Marta, Blanca, Mawussi, la grande Nadine et la Mami

- Et Aka aussi ?

pensent (ont pensé) (penseront) que Motema Magique couche (a couché) (couchera) avec

- Chouchou !

Filip de Boeck, Vincent Kenis, Roby Comblain, Daniel Derrien ou Vieux Henri ?


Et que Jipéji, Bernadette, Hélène, Thérèse, Cri-Cri, Christine, Jackie, Kabu, Nuray, Chantal, Ma Betty, Ma Véro, Liliane, Miss Dov, Elisabeth, Lisette, Chérita, Amina, Annick et Olivier

- Pas le nôtre, petite chérie ! Pas le mari d’Hortense ! Un autre Olivier ! Celui de la balafre et du clébard ! Celui de la rue de la Sapinière !

et la voisine d’à côté

- Celle qui coud si bien, douchka ? Et qui ne demande pas cher ?

pensent (ont pensé) (penseront) que Tantine Betena couche (a couché) (couchera) avec

- Chouchou !

Alain Brezault, Didier Beaufort, Claude Haïm ou Jean-Emile Caudron ?


Et que Jipéji, Claudine, Marie-José, Géraldine, Soumaya, Eloïse, Elke, Moura, Nya, Dahlia, Marie, Françoise, Viviane, Violaine, Anne-Louise, Béatrice, Joëlle, Essi, Pascale et Aurélie

pensent (ont pensé) (penseront) que Catalogue couche (a couché) (couchera) avec

- Mon chouchou ! Mon p’tit chou !

Hans Samyn, Mohamed Belhouari, Paul Van Ackere, François Goublot ou Marc Clausse ?


Et que Jipéji, Maguy la Sirène, Toula, Arantxa, Césarine, Marychelo, Monik, Najat, Judith, Antoinette, Rachou, Nicole, Malou, Honorine, Odile, Monique, Anne, Mère Rose, Lena, Lieve et Hortense

- Pas la nôtre, petite chérie ! Pas la femme d’Olivier ! Une autre Hortense ! Celle qui portait une robe de bal avec trois mille (au moins ?) perles… Je n’avais pas (trop) bu… Je n’ai pas (trop) vomi sur la robe de la mariée… J’ai seulement marché (j’avais encore oublié d’apprendre à danser, eh !) dessus … en ouvrant le bal… en tant que parrain du conjoint… et j’ai fait tomber les trois mille (au moins !) perles sur la piste (sautillant comme des puces de sable tandis que la jeune épouse trépignait de rage, d’impuissance et d’humiliation) de danse… ! Et c’est peut-être vrai, quand même… On dit que la mariée était tellement fâchée qu’elle a refusé d’honorer la première nuit de son contrat (vous avez signé le contrat, vous devez payer !) et que, le jour même de ses noces, le marié a dormir ailleurs…

- Oui, douchka, mais il avait sûrement tpuché des avances avant la signature du contrat…

pensent (ont pensé) (penseront) que la femme du Peuple couche (a couché) (couchera) avec

- Comment tu vas mon chouchou ? Tu n’as pas arrêté de penser à moi, j’espère ?

Ilunga Lupuishi, Jan Hintjens, Baudouin Djogo, Walter Swennen ou Paul Mandengue ?


Et avec Jean-Pierre Jacquemin, Lamin Kora, Jean Omasombo, Pau Van Ackere, Raymond Suke Nzanga, Léon Trotski (dont Vieux Didier avait été l’ouaille et l’affidé avant

- Il avait une belle gueule quand même, petite chérie, non ?

même de savoir qu’il existait et ce qu’il prêchait ?), Patrice-Emery Lumumba, Robert De Niro, Kithima Bin Ramazani, Elio Di Rupo, Achille Ngoye

- Il n’aurait pas dit non, douchka !

- Personne n’aurait dit non, petite chérie ! Même moi !

Paul Frix, Chéri Samba, Dirk Van Geystelen, Mopao Monkonzi Koffi Olomide, Erik Beeth, Dieudos Makwanza, Dieudonné Ngangura, Walter Swennen, Vieux Mongol, Che Guevara, Didier Mumengi, Togbui Koffi M. Dogble Avogan VI, Manuel Vazquez Montalban, Olivier Kamitatu, G.W. Bush qui, dit-on, conserve toujours dans un tupperware les lettres d’insultes que mon amour, ma muse, mon dictionnaire lui adressait…


La vieille maman de G.W. Bush, très fière de son grand garçon…

- Il a tout de même plus de couilles que mon mari !

vient quelquefois, à la Maison Blanche, préparer à manger pour son fiston… lui donner sa bénédiction et lui insuffler…

- On peut lui faire confiance…Le petit, lui, saura bien terminer le travail !

les forces nécessaires à la défense héroïque, dans le monde entier, du christianisme oecuménique, de la liberté de s’approprier et de bulldozériser les terres d’autrui et du droit divin d’extraire le pétrole…


She Okitunda, Eddy Merckx, Nazim Hikmet, Victor Matondo, Ivan le Terrible, Kapuku Mudiapanu (que « Mèré » n’a pas rencontré dans un sauna en Corée du Sud ), Lacaze (dont Vieux Didier effacé ou perdu le prénom), Gérard Ballu, Roger Mazanza, Williams Sassine, Koffi A. Kuzeawu, Marc Dutroux, Gabriel Garcia Marquez, Sombo Dibele Awanan, André Stas, papa Isasi Iloluka (avec qui « Africana » gardait, tous les soirs, la maison de Justin et de Christine à Ouaga 2000), Althusser

- Alzheimer, douchka !

Jean Van Lierde, James Joyce, Charles Baudelaire, Floyd Landis, Jean-Paul Deux, Antonin Artaud, Viktor Rousseau, Emile Bongeli Yeikelo ya Ato, Gauthier de Villers, Kangni Alem, Emmanuel Rwiyereka, Agusto Pinochet, Joseph Staline, Tabu Ley, Napoléon Bonaparte, Gaston Lagaffe, Askar Akaev, Don Juan, Goldorak, Stroessner, Néron, Adolf Hitler, le pape Benoît (quel numéro déjà ?), le Mollah Omar, les Dalton, Méphistophélès, Kim Jong-Il, Pieter Willem Botha, Jose Maria Escriva de Balaguer, Alexandre Loukachenko, papa Doc, Ray Charles, André Cools, Louis-Ferdinand Celine, Jacques Simon, Sean Bell


Abattu par des policiers new-yorkais quelques heures avant ses noces… et dont les funérailles ont été célébrées dans l’église du Queens où il devait se marier…


Fo Bomboma, Mandala Mandar, Alain Mabanckou, Luambo Makiadi, Maître Nkubito (alias Maître, alias Magnat), Muhima

- Pour qui j’avais quand même un vrai « boentje », douchka… mais c’était le mari de ma copine Sophie !

Abdourahman Waberi, Nono Tala-Ngai, Boris Vian, Bob Caiembe

- Un bel homme pourtant, douchka !

Joey Starr, la capitaine Haddock, le notaire Poncelet (officiant à Nassogne et réglant les obsèques du château de Coumont), Klaus Kinsky, Nelson Mandela, Jean-Christophe Martin (qui jouait aux billes

- Mais il trichait tout le temps, douchka !

avec « Muka »), Antoine Tshitungu, Thierry de Lannoy, Justin-Marie Mbemba, Henri Jouant, Anastase Nzeza Bilakila, François Weyergans, Mobutu Sese Seko, Dany Luntadila, Mohamed Gourad, Tony De Vuyst, Jean-Louis Dujardin (le « voisin d’en face ») et le cardinal Danneels, Jean-Chrétien Ekambo, Juan Elkhoury, Max Ngbanzo Lamangale, Robert Dehoux, Assurancetourix, Lazare Boteti, Félix Kanyama, Charles Lundulla, Barthélémy Bisengimana, Christophe Gbenye, Arthur Rimbaud, Mabika Kalanda, Guy Michel (alias Mandela), Mabi Mulumba, Hubert Tshimpumpu, Amoureux Célio (le copain d’Achille), Wendjo Okitandjeka, Benoît Verhaegen, Ndam Kasongo, Lutele Nseka, Baruti Amissi, Jean-Pierre Verheggen, Ekala Bokoswa, Djuna Djanana, Carmelo Virone, Maître Lopez, Evoloko Joker, Jean-Pierre Kabeya Nyonga, Laffut (l’ex de Cacao), Guy Gelgessen, Gaëtan Gatarayiha, Justin Kankwenda Mbaya, Zacarias Moussaoui, Ghislain de Rincquesen (et son collègue et copain Miguel), Paul Vanden Boeynants, Jamal Tahtah, Tierno Monenembo, le marquis de Sade et le présentateur météo de la RTBF, Pierrot Soulié, Jan De Cort, Ngiama Makanda Werrason, Fidel Castro, Salumu Yamba Yamba, Voltaire, Jamel Debbouze, Germain Mukendi, Durrutti, Didier L’Homme, Justin et Junior, Jimmy (les trois J), le duc de Marlborough et le maréchal de Villeroi et tous les autres Bena Kadiebwe du Carrefour, rue de Dublin, à Ixelles-Matonge… ?


Et avec tout ce qui vient (est venu) (viendra) d’Espagne, de France ou du Congo ?

Par terre, par air ou par mer…


Ô combien de moussaillons, combien de matelots, combien de quartiers-maitres de première classe, combien d’officiers mariniers supérieurs, combien d’enseignes de vaisseau de deuxième classe, combien de capitaines de frégate, combien de vice-amiraux d’escadre…


Et avec tout ce qui passe (est passé) (passera) par la rue Maes…

- Il y a quand même des gestes qui ne trompent pas, Vieux Didier…

- Fraternels, enjoués, chaleureux !

ou la rue de Dublin…

- Et des rires et des regards aussi, Vieux Didier…

- Frondeurs, moqueurs, farceurs !

ou la chaussée de Wavre…

- Et des façons d’être plus jolie que tout le monde… Et des façons de danser mieux (et de le montrer !) que tout le monde, Vieux Didier…

- Provocantes ! Joyeusement irrévérencieuses ! Manquant, sans doute, de compassion pour les vieux camions et les chars à bœufs qui provoquent des accidents et ralentissent la circulation sur la piste de danse !

ou la chaussée d’Ixelles ?


Et même avec le bus 96…

- Non, douchka, le 95 !

- Mettons, on ne va pas se disputer pour ça… J’imagine que tu connais mieux le dossier, mais…

qui va à Heiligenborre et avec lequel mon immondice, ma charogne, mon remugle, ma décharge publique, ma femme plus belle que la leur, ma flore intestinale entretiendrait des relations coupables… lesquelles peuvent être assimilées à de la nécrophilie ou de la zoophilie dès lors qu'elle ne sont pas entretenues avec une personne mais bien avec une chose…


Ainsi donc, ma tomate verte de Valencia serait infatigable et…

- Ivecoooo !

ne se reposerait donc jamais ?

Ma grenouille arboricole aux yeux gris-verts serait donc une terroriste de la chose, une extrémiste de la chose, une intégriste de la chose, une fondamentaliste de la chose ? Et les cernes qui, parfois, lui creusent les orbites

- Pobrecita ! Pauvre petite chérie…

n’auraient donc rien à voir avec un cancer, une cuite, une insomnie ou un chagrin quelconque ?


Ainsi donc, toutes

- Tu dois quand même admettre, Vieux Didier, que ta femme se comporte parfois comme une allumeuse, non ? Et qu’elle peut donner l’impression, de temps à autre, de partir à l’assaut des braguettes et de mettre le feu à la garrigue pour agrandir ses pâturages, non ?

- Meeeeunon (dirait Françoise De Moor), Ana a seulement du peps, de l’énergie, de l’entrain ! Avouez que vous êtes simplement un peu jalouses ! Vous ne la connaissez pas bien ! Savez-vous qu’il lui arrive parfois d’en avoir marre et de « fatiguer »… et qu’elle assure quand même… pour « mettre de l’ambiance »… parce que vous aimez ça…et pour « lancer » vos fêtes chiantes et rattraper la mayonnaise ?

- Oui, mais ta femme est quand même passablement extravertie, non ? C’est l’impression qu’elle donne, Vieux Didier…

- Elle se force aussi, quoi ! Ana (vous ne me croyez pas) a un gros fond de timidité (et pourtant c’est vrai)… elle n’est pas toujours sûre d’elle-même… Mais dites-moi, les filles, vous avez un problème, non ? Vous avez peur qu’elle vous fauche vos mecs ?

les bonnes copines (et quelques bons copains aussi) ne pensent (n’ont pensé) (ne penseront) qu’à ça ?


Tandis qu’une Chinoise ou qu’une Japonaise ne pense pas (n’a pas pensé) (ne pensera pas) que ma louve, ma tendresse, ma belle brocante, mon angoisse, ma mégère, ma gaîté, mon gang couche (a couché) (couchera) avec

- Horreur (aux marrons et au chocolat) ! Elle n’a pas le teint laiteux d’une porcelaine de haute extraction ! Elle est caramélisée comme une ramasseuse de pommes de terre ! C’est une insolation, cette femme-là ! Qui donc (à part des surfistes yankees et des culturistes néo-nazis) pourrait bien vouloir d’une femme boucanée comme du poisson séché, basanée comme une peau de mouton tannée, hâlée comme la poitrine et les épaules d’un costaud qui décharge ou empile, en plein soleil, des cageots de tomates et de poivrons sur un marché d’Aix en Provence ou de Carcassonne ? Elle n’est pas belle comme une lune blafarde et livide, elle est moche comme un soleil cramé !

l’empereur Hirohito ou Mao Zedong, le grand timonier ?


- Et les enfants, douchka (Hortense, Nadine, Eric, Djuna et Lianja), qu’en pensent-ils (en ont-ils pensé) (en penseront-ils) lorsqu’ils entendent (ont entendu) (entendront) de pareilles inepties ?

- Sans effet, petite chérie ! Les enfants (Hortense, Nadine, Eric, Djuna et Lianja) ne sont quand même pas stupides ! S’imaginer le contraire, ce serait insulter les gènes de leurs parents, non ?

- Dis-moi encore, douchka, dans quel journal avons-nous lu (c’était à Eivissa, je crois) que « le paranoïaque est le seul mari qui ne croie pas que sa femme le trompe » ?

- Mais voyons, petite chérie, je ne suis pas paranoïaque !


Une histoire brève à raconter aux enfants


Le petit Poucet s’égare dans la forêt de Nassogne.

Il n’y rencontre pas des « éléments » incontrôlés de Guillaume de la Marck, en treillis, armés de fusils à lunettes, chassant au projecteur…

Il rencontre le garde-chasse

- Qu’est-ce que tu fais ici tout seul ? Tu t’es perdu ? Tu es de Nassogne ? Tu es de quelle ferme ? Qui sont tes parents ?

et lui demande son chemin.


Et voilà, c’est tout… Le garde-chasse fait monter le petit Poucet dans sa jeep et le reconduit à la maison et sermonne la mère et sermonne le père et sermonne la grand-mère et sermonne le grand-père et

- Vous prendrez bien une petite goutte ?

- Bien volontiers !

leur enjoint de ne pas laisser le gamin

- Parce que, parfois, le loup rôde…

se promener comme ça, tout seul, en pleine nuit, dans la forêt…


Et la belle histoire tourne

- Bonsoir les petits !

court et s’arrête

là.


Gravement atteint


Lorsque Pressé-Pressé arrête de débloquer, ça veut dire que Vieux Didier est gravement atteint et qu’il faudrait penser à pousser le Peuple (une bande de jeunes… une bousculade à l’arrêt… c’est si vite arrivé…) sous un tram…

- Eh oh, casse ta joie ! On ne se plaint pas d’une douleur à l’oeil lorsqu’on est en phase terminale d’un cancer de l’oreille !


Ddl écrira-t-il à nouveau sans chercher à se faire éditer (à dédicacer des livres à des critiques littéraires

- Il y a trop de que, de qui et de cul dans votre ouvrage !

et à les retrouver, dès le surlendemain, dans les rayons « nouveautés » de Pêle-Mêle) ? Et Papa Didier finira-t-il vieux garçon, trois fois père de jumeaux (nés de mères inconnues) et réputé sorcier ?

Pourriture a déjà essayé, oui, au XXème siècle, de se faire épouser. Et, à cet époque, il a même (presque) failli faire le gigolo, s’est exposé dans des vitrines et a arpenté des trottoirs…

- Et au XXIème ?

- Je laisse béton !

Qui Mbwa mabe pourrait-il encore intéresser ? Sans doute devrait-il s’améliorer dans les virages et gagner encore en vitesse ?

Mieux vaut mieux désespérer. A soixante-sept ans, Ducon ne dispose plus d’une marge de progression intéressante pour un jeune entraîneur ambitieux. A ce grand âge-là, on n’apprend plus

- Est-il normal que les clefs de la voiture de ma femme disparaissent et que je les retrouve, cinq jours plus tôt, au fond d’un panier d’arachides fraîches planqué dans la penderie de la salle de bains ?

- Meuuuuunon ! Il suffisait de regarder dans mon armoire à culottes !

aux écrevisses à marcher au pas, au pas, au pas. A ce grand âge-là, on ne capture pas non plus les requins

- Les requins mangent n’importe quoi !

- Même moi ?

- Ils ont de très bonne dents et adorent craquer les vieux os !

dans le creux des dunes du Sahara et on a tout perdu de l’art de pêcher des mbotos à la main en leur chantant une berceuse


Le mboto, c’est ce poisson savoureux du fleuve Congo, à chair jaune, qui cache des hameçons dans sa viande pour mieux tromper les mindele…


Si bien que, à ce grand âge-là, quand Monoko Mabe est arrivé au bureau, la serrure avait été changée, son adresse e-mail avait été supprimée

- Comment ferai-je désormais pour économiser le prix du papier, de l’enveloppe et du timbre ?

et que des gardes de sécurité (refoulant, à l’entrée des mosquées et des églises, les fidèles aux tenues trop légères et aux propos trop lestes) l’ont, poliment, mais fermement, prié de les accompagner jusqu’à la sortie.

Le moulin du mari de la femme du Peuple ne moud-il plus que des poussières et des toiles d’araignée ? Ses ailes vont-elles définitivement cesser de tourner ?


Trop de questions le tourmentent.

Ou lui martellent-piquent-elles la tête ?

Une kinoise peut-elle (une fois par semaine) partager la vie d’un Australien travaillant à Amsterdam comme distributeur automatique de serviettes en papier dans un peep-show ?

Un film porno de lévriers afghans (tourné par des lévriers afghans, avec des acteurs lévriers afghans et pour un public de lévriers afghans) émouvra-t-il ou fera-t-il bander un berger (ou une bergère) allemand(e) ?

Quels sont les titres

- Lorsque j’étais étudiant, j’avais le choix entre deux jobs bien payés, portier au Zoeloe Bar ou disk-jockey dans un bordel… Mais je me suis vite rendu compte que ce qui intéressait les putes et les maquereaus (un couple de sous-officiers de carrière casernés dans la ville) de la baraque à femmes installée à proximité du camp militaire, c’était seulement la cadence et le rendement, rien d’autre : tu rentres, tu sors, tu rentres, tu sors, tu craches et tu dégages et quelqu’un d’autre aussitôt te relève…Il n’y avait pas vraiment de place pour les sentiments… Mais à cet âge-là j’étais encore romantique… Et j’ai donc préféré devenir portier au Zoeloe Bar où le patron diffusait une musique moins rythmée, plus salace…

qui font fureur dans les maison de passe ?

Le slip est-il le mari de la culotte ? Qu’on l’enfile à l’envers pour pouvoir le porter un jour de plus ou qu’on l’asperge d’after-shave pour éliminer les mauvaises odeurs ?

L’avantage d’avoir un slip propre c’est de pouvoir le mettre sur la tête (et faire sortir les oreilles par les trous) ?

L’avantage de disposer d’un slip

- S’il m’arrivait d’avoir une petite faim et de vouloir tirer mon coup dans les buissons…

- Vantard ! Tu n’es même pas capable d’ouvrir une boîte de sardines avec les dents !

muni une petite poche, à l’avant, c’est de pouvoir y cacher un billet de cent euros neuf (qui n’a pas été marqué, sur lequel rien n’a été écrit ou compté, dont les bords n’ont pas été découpés, qui n’a pas servi à se frotter le derrière et ne sent pas non plus l’huile de palme, le vin de messe, le charbon de bois ou le poisson fumé, qui n’a pas été recollé avec du scotch ou lavé au savon de Marseille) sans que Bobonne

- Pour t’acheter un ouvre-boîte…

s’en aperçoive ?


Piche-Piche


Dans la classe de Tensia (une mignonne, une futée, cette gamine… une « koko » de Muka et de Papa Didier… Tensia, la petite dernière de Nadine…), chaque matin, il y a une araignée.

- Comment s’appelle-t-elle ?

- Piche-Piche !

- Et quel âge a-t-elle, Piche-Piche ?

- Elle est toute petite !

- C’est une fille ou un garçon ?

- Un garçon !

- Et personne ne lui veut du mal ?

- Quand on arrive en classe, tout le monde veut déchirer la toile de Piche-Piche avec sa règle ! Mais on en a peur quand même ! Et puis la toile de Piche-Piche est très collante. Ça salit la règle, ça poisse les doigts, c’est dégueulasse ! Et de toute façon, chaque nuit, Piche-Piche se fabrique un nouveau voile !

- Un nouveau voile ?

- Un voile de robe de mariée ! Mais nous, on ne voudrait pas seulement lui arracher son voile, à Piche-Piche, on voudrait aussi lui couper les pattes avec une paire de ciseaux et lui enlever ses crottes de nez avec un bic ou un crayon de couleur !

- Et alors ?

- Alors rien !

- Pourquoi rien !

- Personne n’ose ! Dans la classe, tout le monde a peur de Piche-Piche ! Sauf Madame ! Tu sais bien que Piche-Piche mange aussi les mouches, les fourmis et les oiseaux !

- Et les sauterelles et les vers de terre aussi ?

- Aussi !

Tensia, très vive, avec une tête qui fonctionne comme une montre à l’ancienne, comme l’aiguille des secondes, quoi ! très vite… ça tourne, ça tourne et ça ne s’arrête jamais…

- Et toutes ces bêtes-là, elles habitent dans ta classe ?

- Bien sûr ! Et il y a aussi des abeilles et des libellules ! Et des scorpions gros comme des pinces à spaghettis ! Piche-Piche les pique, les emballe et les mange tous !

- Piche-Piche mange aussi les petits enfants ?

- Ça, je ne sais pas ! Il faut demander à Madame !


Child Focus


Ainsi donc

- Mais enfin, Jipéji est hospitalisé, non ?

- Et alors ? grognerait Jipéji… Qui a dit que j’étais « contraire » ?

m’est-il interdit (pendant combien de temps encore ? pendant toute la durée de sa « revalidation » ? ça va durer longtemps ?) de diffuser largement, dans des délais utiles, à toute une série d’amis communs, les dernières dépêches de l’agence AnaCo ?


Ainsi donc dois-je continuer de passer sous silence

- Une « vieille » information, non ? Datant au moins de la semaine dernière, non ?

que le gouvernement nigérian (premières auditions à Kano le 26 juin prochain) réclame 7 millions de dollars de dommages et intérêts au laboratoire Pfizer pour l’expérimentation

- Ça s’est passé en 1996, non ? Il y a prescription, non ?

d’un antibiotique sur

- Ça s’est passé dans le cadre d’une action humanitaire, non ?

une centaine

- Seulement onze gosses sont morts, non ? Pas plus ! Les autres ne souffrent que de cécité, de surdité, de paralysie, de troubles de la parole et de lésions cérébrales, quoi!

d’enfants touchés par une épidémie de méningite et de rougeole dans l’Etat de Kano sans que les parents aient pu donner leur « consentement éclairé » ?


Dois-je aussi taire que les soldats américains ont découvert, couchés à même le sol, dans une pièce de l’orphelinat Al-Hanan à Bagdad, plusieurs corps d’enfants, couverts de plaies et assaillis par les mouches, et qu’ils ont alors

- Pas même une grenade !

jeté un ballon de basket dans la pièce pour voir si les mômes réagissaient et que

- Oh, ils sont vivants !

l’un d’entre eux a redressé la tête et qu’il a ouvert les yeux pour voir ce qui se passait et qu’il

- Mais sans doute ce gamin-là n’aimait-il pas le basket et préférait-il le soccer ? Ou peut-être, tout simplement, détestait-il les Américains qui avaient tué son père et sa maman ?

s’est allongé à nouveau par terre ?


Comment Vieux Didier pouvait-il ne pas devenir trotskiste ?


Personne n’avait jamais jugé Vieux Didier digne d’être initié et de recevoir la lumière.

Personne ne l’avait jamais approché, sondé, testé.

- Je n’avais pas l’âge, petite chérie ? Je n’inspirais pas confiance ? J’étais réfractaire à tous les ordres, d’où qu’ils viennent ? J’étais fantasque et incertain ? Je n’étais pas assez prévisible, sans doute ?

La conférence de Bilderberg, par la voix de son président, le Vicomte Etienne Davignon, n’avait pas invité Vieux Didier à participer à une de ses réunions secrètes en vue de connaître son point de vue sur l’avenir de la communauté Nord-Atlantique


Personne n’avait jamais toqué à la porte de Vieux Didier.

Personne ne l’avait

- Sauf toi, petite chérie ?

jamais dragué.

Personne ne lui avait jamais téléphoné pour lui fixer rendez-vous dans un restaurant chinois des environs de Philippeville, ni jamais invité à signer un contrat de livraison d’armes en Afghanistan ou en Côte d’Ivoire, ni jamais proposé de poser presque nu (avec un mouchoir de tête autour du cou) sur le piédestal du lion

- Le coq de Braine-l'Alleud, ça ne ferait pas sérieux !

de Waterloo (ou d’un autre lion, jeune et fringant, faisant partie d’une bande de branleurs et de glandeurs d’ « Anneesens » qui se sont établis sur les marches et sur les toits de la Bourse de Bruxelles ou de deux autres lions très âgés qui montent la garde et réchauffent leur vieux os à la flamme du Soldat inconnu, soufflent sur les braises, tisonnent le feu, rechargent le poêle et font très attention à ne pas roussir leur uniforme, leurs drapeaux et leurs décorations), ni jamais exhorté à prêter

- On ne prête pas serment pieds nus, doigts croisés, en pyjama !

un serment d’allégeance à Israël, aux Etats-Unis d’Amérique, à la Social-démocratie belge, au Standard de Liège, à Couronne britannique ou au Commandeur des croyants.


Ni l’Opus Dei

- Tu as raté quelque chose, douchka ! Des « sales bouches » comme toi devraient se faire curé, non ? En te servant habillement du confessionnal, de quels secrets d’alcove ne pourrais-tu pas te repaître ! Et en prenant la parole en chaire de vérité, sans personne pour te contredire, quelle sacrée merde ne pourrais-tu pas foutre dans une paroisse !

ni les francs-maçons, ni la C.I.A., ni les éditeurs de best-sellers, ni le Standard de Liège, ni

- Le R.O.I. laissait quelque peu à désirer ! Les dossiers de QFIE n’étaient pas parfaitement maîtrisés !

la Solvay Business School, ni un magazine de charme indonésien, ni le Parti communiste de l’île des Mimosas, ni même la C.N.T. (avec Durruti !) n’avaient jamais cherché à le recruter.


Sauf les E.S.* et M.C.** Et c’est ainsi que

- Je savais à peine qui c’était ce gars-là ! Ce Trostski-là, j’en avais à peine entendu parler… en famille, à table, au déjeuner, après la grand-messe, dimanche midi, pendant le dessert, avant la "prière après les repas", quand les parents voulaient faire peur aux enfants et leur parlaient du diable obscène, de l’ogre-loup pervers et du communisme partouzard et débauché… Et j’ignorais encore tout de la révolution permanente ! Je savais seulement que les trotskistes étaient contre les flics, le pèze et les curés ! Et qu’ils se battaient pour que les hommes et les femmes aient le droit de vivre autrement, partout sur la planète ! Et je trouvais ça plutôt chouette ! Et ça me plaisait vachement !

Vieux Didier était devenu*** trotskyste…

ce qui lui avait valu, quelques années plus tard

- Je me trouvais déjà au Congo, à Mbanza Mboma, chez les Jèzes, je n’étais même pas au courant, j’ai appris ça après…

avec toutes les « Jeunesses » du Parti, les Etudiants Socialistes et les Jeunes Gardes Socialistes, d’avoir été exclu banni proscrit chassé jeté viré nié radié gommé écarté évincé expulsé borduré ostracisé néantisé excommunié, sans le savoir, du PSB de Léo Collard, l’affidé de Guy Mollet…

Mais, de toute manière, Vieux Didier était sans doute prédestiné... Et son sort était-il jeté et son destin tracé…

En effet, avant même que Vieux Didier ne passe la deuxième guerre mondiale (à dormir) confortablement couché dans son petit lit douillet ou (à jouer à cache-cache avec les soldats allemands, anglais et

- Les soldats russes, chinois et japonais s’amusaient sur d’autres terrains !

américains) planqué dans des nids de mitrailleuses et des trous d’obus creusés dans le parc d’une « propriété familiale » de Nassogne et que Marie-Françoise Plissart ne devienne

- Par élection! Ce sont les meilleures !

sa meilleure cousine, Vieux Didier avait déjà reçu en héritage :

deux jeunes grandes tantes (dont Alain Germoz et Agnès Caers lui ont révélé l’existence), Flora et Maria, insurgées contre l’ordre bourgeois franquillon qui règnait alors en Flandre et

un tonton-cousin, agnostique et républicain, ulbiste et amateur de jazz, communard anti-fasciste, ripailleur et libertin, brigadiste à Madrid et à Teruel (qu'on lui avait toujours caché et dont Vieux Didier continue de taire le nom… parce qu’il

- C’est tout de même con, non ?

- Oui !

l’a oublié tout simplement) et, sans doute, excommunié par le bureau politique, le comité central et le haut commandement de l’église catholique romaine et

- Amen !

Apostolique.

Eh ! Comment ne pas devenir**** trotskiste ? Et ne pas ordonner la destruction

- Leur voisinage indispose les intempérants, les luxurieux et les usagers des transports en commun !

de tous les lieux de culte qui se trouvent à moins de quarante mètres d’un bistrot, d’un hôtel de rendez-vous ou d’un arrêt de bus ?


* & ** Initiales diaboliques ? Sigles de reconnaissance cabalistiques ?


*** Trostkiste ? C’est toi qui le dis, Vieux Didier ! Et d’ailleurs, un vrai trotskiste, c’est quelqu’un qui ne dit pas qu’il l’est ! Montre-moi ton abonnement à cette STIB-là ? Je parie qu’on ne te connaît même pas dans cette équipe de football de Sclessin-là ! A quoi tu joues là ? Pour qui tu te prends là ? Tu ne figures même pas dans l’annuaire des anciens de ce collège de Godinne-là !


**** Mais, à présent que Vieux Didier n’a pas obtenu plus de 0,3% des voix au premier tour des élections présidentielles françaises de 2007, sans doute devrait-il se remettre en question, procéder à une évaluation, faire le point …

- Dis-nous maintenant Vieux Didier, l’âge aidant, qu’es-tu devenu ?

- Je n’ai pas vraiment changé et je ne me sûrement pas amélioré… Je suis toujours ce que, « fin des fins », je n’ai jamais cessé d’être : un anarchiste !

- De quelle obédience, Vieux Didier ?

- Un anarchiste indépendant !

- Mais encore ?

- Un anarchiste trostkiste lumumbiste anaïste indépendant…

- Anaïste ?

- Un zélateur d’Ana ! C’est Judith Bisumbu (ma maîtresse jalouse du jeudi que je trompe avec ma femme mariée) qui le dit ! Ana est mon HIV, quoi ! Et ça fait plus de vingt-sept ans que je me soigne !

- Et quelles ont été tes luttes cardinales ? Sur quels fronts décisifs as-tu victorieusement combattu le capitalisme et l’impérialisme ?

- J’ai toujours été braque et baroque… Et j’ai principalement milité, toute ma vie durant, de vingt-deux heures (ou plus tôt) à quatre heures (ou plus tard) du matin dans mes bistrots de prédilection : ceux d’avant (le Welkom, le Petit Lénine, le Petit Ixelles, le Pantin et

- Et la Régence et le Fourquet ?

- Pourquoi pas ! Sans oublier le Petit Blanc et l’ancien Dolle Mol), de pendant (chez Maître Taureau, le Kadioka, le Club 53, la Frontière, la Samba, le Succès, la Crèche, le Vis-à-Vis, l’hôtel Jokol, le Kilt, le Bobongo et

- Et la Perruche bleue, Vieux Didier ? Et le Speakeasy ?

- Bien sûr ! Sans oublier le Bedi Bedo (sur Popokabaka), chez Petit Jean, chez Tshibangu, Mayaza II, le Sexy-Pop, Alex-Bar, Un-Deux-Trois, Mama Kulutu, le Palmarès, le Panafrica, la Carte Blanche, le Club 16, le Self-Control, 11-12-13, Tonton Mbaki ou la Tempeta de Oro) et d’après le Congo (le Carrefour, Makutano, Ekeseni, la Calebasse, le 333, chez Shango, chez Wess, chez Maguy la Sirène, le Mpoko Bazar, le Buja, l’African Surprise et le Kasi-Surprise et

- Et l’Union, Vieux Didier ? Et le Tournant ?

- L’Union, le Zerbeute, Ma cuisine, le Tournant et le Verschueren aussi ! Sans oublier le New Pacific, Inzia ou la Mandibule) dans lesquels les flicards et les toubibs (et la peyeree ou la peieree ou la peiyerij ou la peïera ?) m’interdisent à présent, de boire et de fumer…



Motema Magique accuse


Motema Magique accuse Vieux Didier

- Meeeunon! Comment veux-tu que je te coupes les ailes, c’est toi qui me portes, non ? se défend-il mollement…

de lui couper les ailes


Hell’s Kitchen


A qui fera-t-il accroire (à l’époque, Vieux se trouvait déjà au Congo ou au Togo, non ?) que, le quinze décembre de l’année dernière ou de l’année prochaine, dans la commune de Jette ou dans la commune d’Ixelles, du côté de la place du Miroir ou de la place du Châtelain, Vieux Didier s’est fait méchamment attaquer et

- Ce n’est pas parce que, dans sa jeunesse insouciante, ma femme a volé un chou vert au marché de l’abattoir d’Anderlecht et que, plus récemment, un de nos trois fils vous a fait un doigt d’honneur du côté de la place Fernand Cocq…

- Pas seulement ! C’est beaucoup plus grave : il a fait mine, ensuite, de se l’enfoncer dans le cul !

- Mettons ! Mais ce n’est pas pour autant que vous avez le droit de m’asperger de gaz lacrymogène et de me plaquer au sol ! Est-il donc interdit de se présenter seul et à pied au départ d’une course cycliste ? Est-il donc interdit de ne pas tenir sa pipe et ses lunettes en laisse ?

torturer (qu’on lui empoigne, broie, torsionne, pressure le sexe et qu’on l’oblige à s’agenouiller devant le portrait du Roi posé sur un autel fleuri et qu’on le frappe avec une lampe torche et qu’on lui balance des coups de pied dans la caboche et

- Eh là ! On ne prend pas ma tête pour un ballon de foot !

- Ta gueule ! Tu veux qu’on analyse tes urines et qu’on te retrouve de la drogue dans les chambres à air ?

qu’on l’oblige à lécher la pisse et à bouffer la merde de tous les chats et de tous les pigeons du quartier) et

dépouiller par une meute de chanvrés

- Quand on se retrouve nez à nez avec une bande de flics ou de pitbulls, il faut évidemment se soustraire à leur affection…mais jamais s’enfuir en courant et en leur tournant le dos !

en maraude ? Et qu’on l’a retrouvé évanoui sur un trottoir, devant la station de métro Osseghem, en face de l’athénée Serge Creuz, un sachet de frites

- Tu les veux comment tes frites, jaunes ou dorées, minces ou grosses ? Avec une sauce mayo et du cervelas chaud ?

- Mmmm…

- T’as encore quelque chose à rajouter ?

enfoncé dans la gueule, du sparadrap plaqué sur les yeux, les organes internes (foie, intestins, estomac) perforés ?


Aurait-il, en vain, tenté de mor-

dre ses ag-

- Tu veux qu’on te tue avec une balle perdue ?

resseurs pour se défendre ? Les flics et les pitbulls envisageraient-ils de déposer plainte contre Vieux Didier ? Pour outrage et rébellion ? Lui donneraient-ils un coup de pare-chos et le projeteraient-ils dans les étangs d’Ixelles ?

- Il n’a eu que ce qu’il méritait ! Si on l’avait amené au chenil ou commissariat, on aurait été obligés de le mettre dehors quelques heures plus tard !

Hell’s Kitchen est-il toujours le quartier irlandais ou brésilien le plus mal famé de New York ou de Hollywood ?


Ima


A Paris, en mai 2006, on déconseille aux crèmes glacées de se promener tête nue, sous la pluie

tandis que le prix des gaufres à la chantilly flaaaambe.

A Paris, en mai 2006, ce n’est déjà plus l’hiver mais ce n’est pas encore le printemps... les idées qui bourgeonnent, les spermatozoïdes qui piaffent d’impatience et se bousculent…

A Paris, en mai 2006, Achille Ngoye et Florence Vanetti ne répondent pas aux coups de téléphone de Tantine Betena

- Et Nago Seck ?

- Nago a dû se coucher très tard hier soir ! Ou très tôt ce matin ! Il répond, oui… mais on l’entend à peine ! C’est comme s’il parlait dans un édredon de plumes !


A Paris, en mai 2006, pour l’élection du meilleur receveur de foie

Ima Mukakimanuka est tête de liste et

- Il y a un an, elle était encore millième ! Quelle remontée ! Tous les autres ont été flingués ?

A Paris, en mai 2006, chez Nicole, le soir, à table, à la cantonade, Vieux Didier reproche

- Ça fait des mois, quelques années ou même un demi-quart de siècle que cet enfoiré ne m’a plus donné signe de vie !

à Michel Boudon de ne plus répondre à ses mails et

Ima lui flanque un coup de canne derrière l’oreille et

lui apprend que Michel est mort.


A Paris, en mai 2006, Ima est en pleine forme et

- On se demandait qui allait enterrer l’autre !

François Goublot aussi

- On se demande à présent si ces deux-là ne vont pas nous enterrer tous !


A Paris, en mai 2006, voici la question qu’on (Mamushka, Moura, Ima, François, Bogdan) n’a pas posée à Vieux Didier :

- Et la littérature, ça va ?

Et voilà la réponse que Vieux Didier n’a dû fournir à personne (Mamushka, Moura, Ima, François, Bogdan), à Paris, en mai 2006 :

- Ça va bien ! Comme le gîte rural de Nassogne, quoi ! Quelquefois, il y a des clients, quelquefois il n’y en a pas ! Mais on est toujours là, on assure, tant bien que mal, quoi !

- Et en Belgique, en mai 2006, comment ça se passe ?

- En Belgique, la Sambre (polluée au cyanure) s’obstine à se jeter dans la Meuse (polluée au cadmium) si bien que toutes les voitures qui plongent dans l’eau des fleuves et des rivières de Wallonie finissent par mourir empoisonnées !

- Et à Bruxelles, en mai 2006, ça va ?

- Ça va bien ! A Bruxelles, les grévistes de la faim du centre d’accueil pour demandeurs d’asile du Petit-Château ont été transférés, menottes au poing, à l’hôpital militaire de Neder-over-Hembeek ! Un peu qu’on va leur apprendre à ne pas refuser la nourriture qu’on leur donne si gentiment ! Un peu qu’on va leur apprendre à manger poliment et à dire merci !


Vieux Didier règle simplement ses problèmes avec le type qui est dans le miroir


Vieux Didier a de graves problèmes avec son chien et

- Elle est encore ouverte ?

sa braguette et

- Mon lézard s’est enfui ?

les lacets de ses souliers et le type qui est dans le miroir.


On lui demande

- Mais non, je ne suis pas fou !

s’il est fou et

- Mais non, je n’entends pas de voix ! Je règle simplement mes problèmes avec le type-là qui est dans le miroir… et avec son chien, sa braguette, son lézard et les lacets de ses souliers ! Comment se fait-il que ce soient toujours eux que j’aperçois lorsque je me regarde dans le miroir ? Et, d’ailleurs, c’est toujours ce même type-là qui vide mon compte en banque, lit mon journal, boit mon café, vole ma vie, raconte mes histoires, copie mes inventions et drague Tantine Betena ! Et le voilà qui vocifère encore, gesticule et se permet de me tenir tête ! Et voilà qu’il lâche son chien, dénoue ses lacets, déboutonne sa braguette, menace de sortir son lézard et de me pisser dessus ! Comment se permet-il ?

s’il entend des voix et depuis quand il s’est mis en ménage avec un miroir et un chien.


Claudine pose


Midi, jeudi, juin.

Le bus 71 lui passe sous le nez. Et le 54 aussi.

Le Soir est en grève et Pourriture décide de partir à la recherche de nouvelles fraîches dans les transports en commun et à la rencontre

- Dans un lieu propice à une dispersion rapide… en cas de descente des flics… lorsqu’on entend beugler leurs sirènes (1) ?

de vieux copains

- Nous nous sommes rencontrés en prison et nous sommes devenus des amis !

- En prison ?

- Au boulot, quoi ! A la mine ou à l’usine, quoi ! A la Régie des Bâtiments, quoi !

faisandés à la Brasserie de l’Union où les toilettes ont, depuis une semaine, été descendues à la cave tandis que la cuisine d’Aziz est sur le point d’aménager dans les chiottes

On entend déjà

- Mais qu’est-il prévu pour les odeurs de jasmin (dont tout le monde sait qu’elles hésitent entre le pipi de chat et la fosse à purin) ?

les marteaux piqueurs s’attaquer au lavabo, à l’urinoir et aux confessionnaux…


C’est Hakim

- Et Fabrice ?

- Fabrice ? Il est en vacances ! A Saint-Domingue ! Il a sûrement eu le vertige ! C’était peut-être bien la première fois qu’il prenait l’avion !

qui sert à boire

- Avec une goutte d’alcool de lait de chèvre à trente-deux degrés !

- Gezondheid ! Santé, pognon, bonheur !

du Faro (Jan Decort) x 3 et

de la Leffe blonde (Henri Jouant) x 3 et

de la Maes (Didier L’Homme) x 3 et

de la Vedett (Pourriture, alias « Vieux Didier ») x 3

- Et alias « douchka », non ?

- Non, pas ici ! Pas devant mes collègues, tout de même, petite chérie !


Tandis que Jean-Marc Dezille et Claudine De Moor, à la table voisine, mangent, à quatre mains, une seule assiette du plat du jour et

- C'était quoi le plat du jeudi ?

- Un « américain » avec frites et salade !

que Claudine (2), à la fin de la scène

- Je l’ai flashée et elle déteste ça ?

pose

sa tête sur

l’épaule de Jean-Marc.


(1) On n’est jamais assez prudent… En début d’après-midi, la police avait bloqué avec des barrières tous les accès de la rue des Eperonniers, filtré les entrées et les sorties, opéré une descente et coffré les officiants et les paroissiens qui s’enfilaient des bières au Dolle Mol (parmi lesquels devaient probablement figurer Jan Bucquoy, Filip De Boeck et Andréas Baader)… Pour bien faire, les habitués devraient tous se munir de sifflets pour pouvoir se prévenir les uns les autres en cas de contrôle de police…


(2) Claudine n’attaque pas mais se défend bien :

- Voui, mais c’est pasque je lisais la page de gauche du supplément littéraire du Soir et que les tables sont réduites à leur plus simple expression (Tu as déjà essayé d'y caser 2 assiettes, 2 verres de bière, 1 corbeille de pain, 1 salière, 1 poivrier, 1 cendrier et de manger sans tout renverser ? Ça tient du numéro de haute voltige...) !

- Deux assiettes ? Une seule !

- Voouui mais noon, c'était un exemple… pour que tu visualises mieux l'étroitesse du support…

- Le supplément littéraire du Soir ? Il ne paraît que le vendredi, jamais le mercredi ! Et, d’ailleurs, ce jour-là, Le Soir était en grève !

- Voouui…Tu dis que Le Soir était en grève et que son supplément ne paraît pas le mercredi ? Je comprends maintenant pourquoi Ana te traite de reniflette ou d’argousin (mais elle ajoute aussitôt que tu n’es même pas un très bon flic !)…Je me demande quand même ce que je lisais... Peut-être me suis-je finalement bien endormie sur l'épaule de JM et ai-je rêvé de supplément littéraire, de supplément de dessert ou de supplément d'affection ? Que bom !


Une lettre nocturne aurait été glissée, nuitamment, dans le signataire du directeur général des Bâtiments


Vieux Didier apprendra-t-il un jour que son chat noir (qui aiguisait ses griffes sur une pierre tombale avant de partir à la chasse aux chauves-souris)

et son poisson jaune (qui ne se lavait pas toujours les mains après avoir pissé… et avant de passer à table)

et Motema Magique (qui caressait le collier d’un pitbull ou les boutons de la braguette de son mari en regardant un film à la télévision

- Pour éliminer mon stress, douchka !

et n’éprouvait aucune gêne à bronzer à poil sur le toit de la maison familiale et ne cherchait pas à dérober son pubis épilé aux regards incisifs des observateurs héliportés de la police de Bruxelles ou de la Monuc)

et un perroquet rouge, de provenance inconnue…

ont, tous ensemble, participé à un atelier d’écriture organisé par la « Maison du Livre » et animé par In Koli Jean Bofane, Jah Mae Kân ou Antoine Tshitungu, rédigé, lu, approuvé, signé et glissé une lettre nocturne dans le signataire du directeur général

- Nous l’avons surpris tous les quatre (le chat, le poisson, la femme et le perroquet), en train de se promener avec Zora Lee, pendant les heures de service, main dans la main, dans la forêt de Soignes

des Bâtiments afin que

- Ce poste de travail ne lui convient pas… Ça lui laisserait trop de temps libre et il ne pourrait plus être vraiment contrôlé…Et draguer des minettes, ce n’est plus de son âge… compte tenu de l’état de son cœur, de sa vésicule biliaire, de son pancreas et de sa prostate…Et ces promenades dans les bois avec Zora Lee (la chemise nouée au dessus du nombril) pourraient nuire à la suite de sa carrière au sein de la Régie des Bâtiments…

Vieux Didier

- Mais quel farceur et quel menteur… quelle pourriture, ce Vieux Didier ! s’enflamme Henri Jouant… Il y a bien une femme, la pauvre Ana, la pobrecita, qui le supporte tous les jours à la maison… mais je ne lui connais pas de chat noir, de poisson jaune et de perroquet rouge ! Et d’ailleurs, ce sont des couleurs qu’il ne supporte pas (sur une pièce d’étoffe, en bandes et dans l’ordre) ! Et d’ailleurs, il n’a jamais trompé Ana… ni avec Kathy Vincent, Marianne Hailliez, Anne-Françoise Mouton, Sabrina Vanhenden, Anne Duplat, Pascale Mylemans, Elke Vliegen, Marie-Claude Wauthy et Julie Sassi… ni même avec madame Volont… elles ont toutes un mari ou un compagnon et sont réputées fidèles… et surtout pas avec Zora Lee qui est un pur produit de l’ imagination de Vieux Didier, un montage, un collage, un faux fantasme, une femme-cadeau, une femme-jouet, une femme-puzzle, une femme-éprouvette, fabriquée de toutes pièces, une escroquerie ! moucharde Henri Jouant dans un restaurant chinois des environs de la Bourse…Et d’ailleurs les lettres anonymes, ça ne se signe pas ? s’indigne Henri Jouant dans un bus en partance pour Venise…Et dire que ce sont des imposteurs de ce genre que le syndicat doit défendre ! s’étrangle-t-il de rage dans une chambre d’hôtel en Jamaïque…

n’obtienne pas le grade et la fonction de sous-chef de parking adjoint (responsable du troisième sous-sol) qu’il convoitait depuis tellement longtemps ?


Apprendra-t-il encore

- Ce n’est que ma secrétaire, il n’y a rien entre elle et moi ! chantonne-t-il devant l’inspecteur chargé de l’enquête, pour sa défense, avec un accent brazzavillois à couper à la machette…

que les mêmes ombres maigres ont également punaisé leur dénonciation anonyme sur la porte du commissariat de police d’Ixelles ?



Si tu ne bats pas ton homme, tu n’es plus une femme


Motema Magique interpelle Vieux Didier et

- Tu vas choisir quelque chose pour moi, douchka, dans le catalogue de La Redoute !

lui donne ses ordres. Vieux Didier s’effraye (un serpent se dénoue en chiant dans son froc) (un chacal s’étrangle en avalant son dentier). Vieux Didier se liquéfie.

- Ouille, ouille ! Mais qu’est-ce que tu me demandes là, petite chérie ? Tu sais bien que j’en suis absolument incapable ?

Motema Magique le considère avec dédain (si tu ne bats pas ton homme, tu n’es plus une femme ?) et se gausse de son mari.

- C’est terrible d’être incapable, douchka !

Vieux Didier essaie de se défendre.

- Mais non, petite chérie, moi, je t’aime comme tu t’aimes ! Je te transporte sur le porte-bagages de mon vélo et je te dépose où tu veux !

- J’en ai rien àf !

Motema Magique le

- Si tu ne bats pas ton homme, tu n’es plus une femme, petite chérie ?

- Oui, mais c’est parce que tu le mérites, douchka !

flingue.


Andele fait des mignardises à une caméra de surveillance et Jazz-Moro refuse de se répéter


Ixelles-Matonge.

Un dimanche. En soirée. Vers vingt-deux ou vingt-trois heures.

Explosion de pétards dans les rues.

L’hélicoptère de la police tourne au-dessus du quartier.

- La fête va bientôt se terminer ! Rassemblez vos ghanagos et vos marmots ! Videz vos verres ! Enfilez vos manteaux ou vos gabardines ! Préparez-vous à rentrer à la maison !


Tandis qu’à l’angle des rues de la Paix et de la Longue Vie, pas loin du magasin Wenze ya Gambela (où se vend un des meilleurs pondu « caoutchouc » de Bruxelles… et aussi des misilis, des mikungus, des solos, du makayabo, du pili-pili frais et du pili-pili « poussière »… et aussi de petits pots de « Piment ya Sekele » produits par « Bana ya Lipopo »), tout près du restaurant Inzia… Andele (ou Kolode ?), un ancien cuistot de snack-bar, reconverti dans la fourniture de biens et de services, dissimule un couteau

- Je suis Saigneur d’élite ! Je suis capable de lancer ma lame et de transpercer la gorge des cafards, des doryphores et des charançons à plus de trente mètres ! Je fais partie de la B.S.I., la Brigade Spéciale d’Israël ! Tous les chrétiens sont des porcs ! J’ai pour mission de leur trancher la gorge à tous mais…

- Mais quoi, Saigneur ?

- J’ai décidé de ne pas faire ça tout de suite… et, par ma grâce présidentielle, de surseoir à l’exécution des coptes, des maronites, des syriaques, des nestoriens, des chaldéens et des uniates !

- Quelle grandeur d’âme, Saigneur ! Quelle humanité !

de cuisine et des boulettes de bangui dans ses chaussettes sales et fait un bras d’honneur à l’hélicoptère et

- Tufi na yo, mbila ! C’est moi qui vends le meilleur gazon de tout le quartier ! Broute seulement ! C’est pas de la moquette !

des mignardises à une caméra de surveillance.


Le même quartier. La même soirée. Vers une heure du matin.

Ouverture de bouteilles de champagne.

L’hélicoptère de la police survole à nouveau le quartier.

- La fête est finie ! On feeeerme, nom de Dieu ! Rentrez vos poules, vos canards et vos pigeons ! Circulez, godverdomme ! Dégagez ! Dégagez ! Dégagez !


Tandis que chez Jackie

- Première sur la troisième colonne de la liste du bourgmestre ! Près de trois cent voix de préférence aux dernières élections communales !

dite la « Marraine », à la Mandibule, en face d’un 24/24 (ouvert depuis peu) qui vend des alcools et des vins surgelés et des cartes de téléphones hygiéniques, juste à côté du Tournant où Michel et Odile viennent de virer leurs derniers clients… Jazz-Moro raconte…

Jazz Moro (complètement beurré) (comme une couronne islandaise en Allemagne) raconte l’histoire

- Mais peut-être, ailleurs, dans une autre histoire, s’appelle-t-il Kolode ?

d’Andele, le cuisinier-saigneur d’élite, à Tantine Betena (complètement beurrée) (comme, en France, une livre turque) mais refuse obstinément de la répéter à Jipéji (complètement beurré) (comme un franc congolais au Ghana).

- Je ne répète jamais ce que j’ai déjà parlé ! assène Jazz Moro. Je ne pleus pas sur du mouillé !

- Avec un « s » ou avec un « x » ?

- C’est comme vous voudrez vouloir !


Deux heures du matin.

Les rumeurs les plus drôles, les plus braques et les plus frondeuses parcourent la chaussée de Wavre, circulent, s’arrêtent et reprennent vigueur à chaque carrefour…

De la chaussée et de la galerie d’Ixelles aux rues Francart et d’Edimbourg. De Chéri Samba à Freddy Tsimba. Des rues Solvay et de Naples aux rues de la Paix et de Dublin. De chez Hono à chez Monique. De la rue Longue Vie aux rues Anoul et Dubreucq. Du Mpoko Bazar au Beverly Hills. De chez Shango à chez Jackie. De la rue de la Tulipe à la rue Goffart et à la rue du Trône. De chez Michel à chez Ken…

Tentative d’attentat mise en scène par la section locale du Tout-Puissant Archevêché de Bruxelles-Malines ou

- Un corbillard des Jésuites ou des pères de Scheut serait-il impliqué dans l’affaire ?

la Sûreté extérieure du Royaume de Tintin, dont les agents infiltrés (dans les bistrots, les agences en douane, les lieux de culte, les boutiques et les salons de coiffure) ont reçu pour mission de flairer des humeurs, repérer des meneurs et diffuser des rumeurs

- S’agirait-il d’un complot ? Les Bana Congo projeteraient-ils d’attaquer au lance-pili-pili-poussière un corbillard blanc de la MONUC ?

dans le quartier Matonge ou même des chercheurs en ethno-musicologie appointés en sous-main par le service culturel de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique…

- Un attentat-suicide se serait-il produit à bord d’un fula-fula servant de corbillard d’appoint : le cercueil du désespéré aurait-il été piégé par des artificiers de la CIA ?


L’hélicoptère de la police, muni de puissants projecteurs, fait du surplace, en vol stationnaire.

- La fête est finie jusqu’à l’os ! Circulez ! Dégagez ! Déguerpissez ! Disparaissez ! Dans un quart d’heure, on tire !

L’appareil largue des tracts appelant les derniers saoulards à achever leurs verres, à fermer leur braguette, à mettre les mains en l’air et à réintégrer leurs villages d’origine … et essuie des crachats, des jets de tomates et des tirs de lance-pierres.


Tandis que des dealers d’héroïne qui tiennent boutique dans leur bagnole, chaussée de Wavre…

en face de Greg et Stephi, près du couloir de la mort ou des galeries d’Ixelles, au coin de chez Chantal, à vingt mètres du Tournant et de la Mandibule…

- Pourquoi les dealers possèdent-ils plus de sept téléphones portables ? A quoi sert le troisième ?

démarrent en trombe… La portière arrière droite encore ouverte…


Voitures de police, ambulances et autopompes appelés en renfort. Hurlements des sirènes. Véhicules rouges et jaunes convergeant vers les lieux de l’insurrection…

Les commissionnaires, sans domicile fixe, travestis, rôdeurs, pasteurs, artistes truculents, persilleuses fonctionnant à la Leffe brune plutôt qu’au champagne, mères porteuses d’embryons plus grands que leur ventre, athées non-pratiquants, vendeurs handicapés ambulants, distributeurs de prospectus sans papiers, bonnes d’enfants turbulents, travailleurs au noir dont la seule pièce d’identité est un ordre de quitter le territoire, champions de boxe sur le trottoir, trafiquants d’hosties consacrées dont le lieu de fabrication et la date de péremption ne sont pas clairement indiqués sur l’emballage, arrangeurs de rendez-vous bidons, anarchistes sans chapelle et sans emploi, fugueuses et évadés de la prison de Termonde prennent peur, sanglotent, frappent à toutes les portes

- Jackie ! Michel et Odile ! Jamal et Toula ! Paul ! Ken !

demandent qu’on leur ouvre et qu’on leur accorde l’asile… et se réfugient à l’intérieur de la Mandibule et du Tournant. Et de l’Horloge du Sud (cent mètres plus loin) et de l’épicerie de Jamal (qui, ce soir-là, exceptionnellement, était restée ouverte).


Des tueurs d’élite s’embusquent au coin de la de la chaussée de Wavre et de la rue du Trône, de la rue Goffart et de la rue du Conseil, de la rue de la Tulipe et de la chaussée de Wavre.

Les routes d’accès sont barrées par des blindés et des rouleaux de fils de fer barbelés.

Un périmètre de sécurité est établi. Des robocops (cogneurs de jeunes et casseurs d’ « allochtones ») tapent en cadence sur leurs boucliers. Avec des matraques. Des oiseaux de proie s’abattent sur un groupe de suricates. Des étudiants

- On va s’ faire un max de lard, les mecs !

en sciences de l’information filment l’évènement sur leur portable et prennent dès à présent contact, par téléphone, avec différents quotidiens et agences de presse.


Un cordonnier


Au croisement de la rue du Taciturne et de la rue Stevin, un cordonnier met deux fauteuils…

- Asseyez-vous et allongez vos jambes… En attendant que j’aie fini de ressemeler vos bottines…

à la disposition de ses clients.


Van Nerum.


Ce nom rappelle quelque chose à Vieux Didier…

Ne serait-ce pas le nom d’un révérend père jésuite, préfet de discipline (ou surveillant-portier ?) du collège Notre-Dame de la Paix à Namur qui l’a

- Oh ?

oblige à se déculotter et lui a

- Chic ?

chicotté les fesses, dans les années 1948-1949, pour quelle infraction et avec quel instrument ?


Pitakas


Il y a

au domaine Saint-Michel, en bordure du canal du Midi, en face de la gare de Pezens (où plus aucun train ne s’arrête depuis tellement longtemps), dans l’axe de la piste de l’aéroport de Carcassonne, chez Claude Haïm et Lieve Bellefroid, en juillet 2006

des moustiques et un chat

- Patatras ?

- Pitakas !

qu’on ne voit jamais

- Mais il s’appelle aussi Matacha ! Et, plus rarement, Chouchouta !

avant dix-huit heures, aussi longtemps que les hirondelles n’ont pas changé d’habits et ne se sont pas transformées en pipistrelles


Quelle sieste font-ils sûrement ensemble, Pitakas et les moustiques, pendant toute l’après-midi, alors que les ailes des éoliennes cessent de tourner, que les papillons se cachent en dessous des feuilles et que les poissons rouges perdent leurs couleurs et que les tournesols se retiennent de respirer ?

De quelle canicule ou de quelles guerres de Palestine ou du Liban devisent-ils encore ?

Ou de quel prochain film de Claude

- Mais qu’est-ce qui lui prend donc, à Claude, de vouloir tourner un film sur le canal de Provence alors qu’il a un autre, ici même, sous la main ?

- Un autre quoi ?

- Un autre canal, tiens ! Le canal du Midi qui « coule » (un canal coule-t-il ?) à même pas dix mètres de son « domaine » ! Il doit aimer ça, se compliquer l’existence, Claude, non ?

et de quelle nouvelle plantation et de quelle nouvelle peinture de Lieve ?

Ou peut-être s’entretiennent-ils de l’arrivée imminente des filles de la maison (Hortense et Nadine) et des petits-enfants (Marco, Percy, Tensia et

- Et Sukina ?

- Elle viendra plus tard, en train !

Lohile) ?


A Pezens, près de Carcassonne (où Toto Vino vient de lancer, en juillet 2006, une nouvelle ligne

- Sans alcool ! En cannettes, vendues par packs de 24 dans les rayons des grandes surfaces !

de vin), rien n’a vraiment changé.

Les trains de nuit venant de Narbonne ou d’Espagne continuent de fracasser (surgissant de la cheminée de la chambre du premier étage où Magritte se repose) (couché sur une étagère) et de bousculer les portes et d’enfoncer les fenêtres.

Et les chaises de la salle à manger de Claude et Lieve sont toujours habillées avec élégance (en tailleur) et celles de leur chambre à coucher (en peignoir) aussi.


Un des pitbulls, à la gueule et aux cuisses de béton

d’origine nord-européenne… des expatriés de Limal (où ils montaient la garde dans un jardin privé, juste en face de chez Paul Van Ackere et Nicole Legrand, rue de Grimohaye) et qui avaient décidé de prendre leur retraite et de passer tranquillement les beaux restes de leurs vieux jours au soleil…

ne cesse pas de lever la patte et

- On ne regarde pas les gens pisser !

de fixer tous les intrus, bleument, de ses deux billes, avec hébétude et fixité.

Tandis que l’autre se frotte le dos à un tronc d’arbre.


Et pendant ce temps-là, Nancy Lokota et Martin Massou s’apprêtent à

se marier à

Millegrand (entre Trebes et Marseillette) et à

recevoir leurs familles et leurs amis à

Montrabech (près de Lézignan-Corbières).


Le lapin


Le lapin

- Ça tirait de partout !

a été une des principales victimes de la Révolution française. Il a failli ne pas y survivre…

Mais, comme tant d’autres gentillâtres et noblaillons, le lapin a réussi à subsister (le lapin et le morpion ça repousse vite, en tous lieux, même sur un sol épilé ou graveleux).


Il n’empêche

- Althusser ?

- Alzheimer !

qu’à cinq cents mètres de son terrier (infesté de tiques et de puces voraces), le lapin peut se retrouver complètement paumé.

- Pourriez-vous me rappeler où se trouve la rue Maes ?