mardi 4 mai 2010

AnaCo 2 - Rimbaud a-t-il bouffé toute la merde fraîche du monde ?

Didier de Lannoy
Vieux Didier s'intronise président-fondateur de la branche congolaise de la famille (avec Zora Lee et bus 96)
Dépêches de l'agence de presse privée Ana et le Congo (AnaCo) - Série 2
Deuxième compil de dépêches (déchaussées, divagantes, yoyotantes) de l’agence de presse privée AnaCo : recueil de non-dits, de cartes postales électroniques, de clichés de famille et de « cartons de château » résolument nunuches… dans lesquels, avant sa crevaison, Vieux Didier raconte à sa façon, en se donnant toujours le beau rôle, la vie dure qu’il a menée à Motema Magique et s’applique à faire des mignardises et des chatouilles à presque tout le monde parce que (le contraire aurait été trop risqué) « on ne peut quand même pas dire du mal des pendards de sa propre bande »
Nassogne (Badja), Matonge (Bruxelles), 2006-2007
Extraits - En vrac




Sur l'agence AnaCo, voir aussi:
http://anaco1.blogspot.com/

et
http://anaco3.over-blog.net/


Sur le Congo, voir aussi (notamment):



Rimbaud a-t-il bouffé toute la merde fraîche du monde ?


Vieux Didier (se) répond à José Trussart :


Ainsi donc vous êtes toujours insurgé, réfractaire, séditieux ?

A votre âge ?

Et personne ne vous a excommunié ou exclu du parti ou placé dans un hôpital psychiatrique ? Et vous n’êtes mort d’aucun overdose ni d’aucune maladie sexuellement transmissible (le diabète, le cancer du sein, la maladie d’Althusser ou la sclérose en plaques) ? Et vous n'avez jamais perdu votre emploi et vos droits à la pension? Et les huissiers n'ont jamais saisi votre ordinateur ou votre poste de télévision ? Et personne ne vous a jamais mis en prison ? Et personne n'a foutu le feu à votre bagnole ou à votre baraque ? Et personne ne vous a enfoncé un poignard dans la poitrine, fait fusiller par un peloton d’exécution, décapité à la tronçonneuse ? Et vous vous félicitez même d'aimer votre femme, vos cinq enfants et vos sept kokos?

C’est suspect…


Rimbaud a-t-il bouffé toute la merde fraîche du monde qu’il n’en reste plus pour les autres ? Que des conserves ou des surgelés ?

A mon âge !


Ofele


Filip De Boeck propose à Motema Magique de l’accompagner à Kinshasa, lors de son prochain voyage, en septembre.

- Ofele ! Je t’offre le billet ! Tu ne devras même pas coucher avec moi !

- Césarine appréciera !


Vieux Didier se prend aussi à rêver ?


Ils étaient cinq au moins. Deux femmes de bonne famille, apparemment très respectables (Judith Bisumbu et Françoise De Moor) (ou Ima Mukakimanuka et Béatrice Reynaerts) et

- Les images n’étaient pas claires et le son était brouillé ! Quelquefois même, c’était Malou Fontier qu’on voyait ou Antoinette Safu Mbakata (alias Mère Anto !) qu’on entendait !

un conducteur de la STIB… qui était resté longtemps, à l’arrêt, au volant d’une voiture aux vitres teintées et avait finalement garé sa « Picasso » à l’entrée d’un dépôt de bus ou d’une gare routière… et qui avait rejoint les autres membres du groupe lesquelles

- Oh ! Ahmed, comment tu vas ? Ça fait longtemps !

semblaient toutes bien le connaître et aussi une féministe

- Pourquoi je me prostitue (ces imbéciles me posent toujours la même question) ? Pour rembourser ma dot, tiens ! Et cesser d’appartenir à un homme !

Malienne qui faisait des passes dans le quartier et…

- Une féministe pur sexe !

enfin, celle qu’on n’attendait plus, Salope… bien décidée à se venger de Zora Lee… dont, pourtant, on n’entendait plus parler depuis longtemps…


Eh oui, Vieux Didier se prend aussi à rêver…

- Mais dis-moi, douchka, comment tu te le fais ton cinéma ? En noir et blanc et en muet ? Tu es sourd, non ? Où donc les entends-tu les histoires que tu nous racontes? Tu les lis dans le journal ?

- Je les lis sur les lèvres des gens… Je les lis sur les feuilles des arbres… dans les bois où logent les sorcières…

- C’est ça, douchka, c’est ça… Branche ton appareil respiratoire… ça chassera les mauvaises pensées que tu as dans ta tête…


Ils s’étaient rencontrés dans le grand hall de la gare du Nord lorsque cette gare donnait encore sur la place Rogier.

Ils étaient quatre dans la petite chambre (avec seulement une chaise, un lit double, un miroir mural et

- Il y a un WC sur le palier, en cas de besoin !

un vase de nuit pour tout le monde) qu’ils avaient louée dans un hôtel minable des environs de la rue d’Aerschot.

Ils s’étaient embrassés, enlacés, étreints et serrés étroitement les contre les autres, comme s’ils se connaissaient depuis toujours et ne s’étaient plus revus depuis longtemps…

Ils s’étaient bécotés, cajolés, calinés, caressés, chatouillés, picotés, poutounés, galochés les uns les autres…

tripotés, triturés, titillés, trifouillés, patouillés, tripatouillés les uns les autres…

frictionnés, lotionnés, bouchonnés les uns les autres…

avec infiniment de tendresse et de pudeur…

puis ils s’étaient rajustés, remaquillés et recoiffés (tous ensemble, les uns les autres, devant le miroir sans tain, en tirant la langue aux voyeurs) en vitesse

- Laissez la place aux autres ! Dégagez ! Les clients s’impatientent !

et sortaient à présent de la piaule, en souriant, pressés par la taulière…


Tous les quatre chantaient « Debout Congolais » et paraissaient quelque peu

- Mais je vous dis que le son et l’image n’étaient pas bons !

éméchés et confus mais plutôt contents les uns des autres. Et chacun voulait être pris en photo avec tout le monde.

- Et Alain Brezault, François Goublot, Guy Gelgessen, le Père François SJ (aux amours conventuelles) et le copain de Judith et celui de Béa et le mec de la nana qui avait pris un boulot de pute pour pouvoir rembourses sa dot, que devenaient-ils dans cette histoire ?

- Ils n’étaient pas là !

- Et toi-même, douchka ?

- Moi non plus… Mais je n’étais pas loin… Je me plaquais sous le portail d’une cour de ferme et je prenais des notes…

- Et qui était le conducteur de la STIB ?

- Un délégué syndical de la CGSP, un camarade, Ahmed…

- Tram, bus ou metro, douchka ?

- Bus !

- Quelle ligne ?

- La ligne 96… qui va à Heiligenborre

- Mais non, douchka, c’est le 95…le 96 va à Delta ! Et quel rôle joue donc Ahmed dans ton histoire ? Il m’a l’air très effacé…

- Il fallait bien que je leur trouve un mec à toutes ces nanas, petite chérie… sinon on les aurait prises pour des gouines…Il a accepté le rôle…C’étai un bon camarade, quoi !


A peine Vieux Didier a-t-il réussi à expulser ce premier rêve qu’un vrai cauchemar s’amène au galop, s’installe dans le lit encore chaud et prend la place de précédent client …

Tantine Betena passait ses vacances chez Philda

- Dès cinq heures et demie du matin, les colporteurs de la parole divine arpentaient les ruelles en gueulant comme des ivrognes, chassaient bruyamment les démons avec des cantiques et invitaient les pécheurs à se repentir, à louer Dieu et à verser leur obole aux serviteurs du Seigneur !

et Chéri Samba, dans la quartier Kitokimosi de la commune de Selembao.


Etait-elle allée rendre visite à un jeune couple qu’elle fréquentait sur l’avenue Lukumbadio ? Revenait-elle d’un nganda, d’un dancing, d’une fête de deuil, d’un mariage ou d’une

- On n’apporte pas ses mikate ou sa kwanga au banc de communion !

communion… ou d’une séance de répétition d’un groupe de danseuses… ou d’une veillée collective d’une assemblée de très chères sœurs en Christ ?


Avait-elle assisté à une bagarre de quartier opposant une rivale (dont la grossesse était arrivée presque à terme et qui reposait sur une natte) à une mère de famille nombreuse qui s’était s’introduite dans la parcelle de sa mbanda, l’avait invectivée et

l’avait menaçait d’une lame de rasoir empoisonnée, traitées au sel iodé et l’avait

l’avait projetée au sol et

- Bima Satan !

s’était assise pesamment sur la grossesse de la voleuse d’homme d’autrui pour la pousser à avorter ?


Avait-elle, sur le chemin du retour, été interpellée par des miliciens méchamment armés ou un gang d’handicapés querelleurs qui voulaient lui arracher son téléphone portable, ses baskets, son t-shirt, sa ceinture de cuir, ses jeans et même son slip ? Leur avait-elle courageusement résisté ? Ses agresseurs l’avaient-ils conduite de force à la vallée « Lalu »

- A Kitokimosi ou dans le quartier Madiata, je ne me rappele plus ?

L’y avaient-ils dépouillée de tous ses biens, dénudée et souillée ? Et l’avaient-ils ensuite criblée de balles ? Alertée par les coups de feu, les habitants des environs s’étaient-ils précipités sur les lieux. ? Les enfants de Chéri Samba se trouvaient-ils parmi les mateurs et les compatissants ? Avaient-ils

- Etait-elle reconnaissable ?

reconnu Tantine Betena, l’amie de leurs parents ? La victime laissait-elle un veuf

- Qui, aussitôt prévenu, a dû couvrir à pied, en courant, le trajet Bandalungwa-Marché de Selembao… faute de transports en commun et aussi parce que l’avenue de la Libération (ex-24 novembre) était devenue impraticable…

inconsolable et de nombreux orphelins ?


Cala Llenya


Un bipède, en short et tongs, à moitié chauve, torse nu, poitrine lisse et bedonnante, tétons glabres, cuisses imberbes, joues rosâtres, narines fétides, mains moites, aisselles rances, lèvres blêmes, bouche ouverte (sans doute s’agit-il d’un allochtone d’origine nord-européenne, introduit récemment dans la région, parlant l’indigène avec un accent

- Eupenois, moldo-volaque, nassognard, bavarois, westflandrien ?

d’autre part ?) et portant de grosses lunettes

- Des gafas d’agent secret ! A verres-miroirs ! Pour qu’on ne puisse pas voir ses yeux et croiser son regard !

de soleil noires, choisit de cueillir du linge sur le toit-terrasse de la maison voisine, en fin d’après-midi, juste à l’heure où Beatrice Reynaerts, allongée sur une serviette, se repose d’avoir écrit

- Trois lignes seulement !

les meilleurs pages de son cahier de poésie.

Alberto (ramassant à la main les fleurs d’hibiscus, les ailes des papillons de nuit, les feuilles de vigne et les squelettes de toutes les bêtes féroces qui se sont entre-assassinées et entre-dévorées pendant la nuit) (les crabes, les moustiques, les méduses roses fluo, les scorpions, les chauves-souris, les oursins à la fraise, les vives au chocolat, les araignées à la pistache, les vipères à la vanille, les guêpes et les frelons) (et la tête, le torse et les deux pattes avant d’un lézard à moitié bouffé par le « roux ») s’irrite de voir un intrus, un mateur de charmes, un goûteur de femmes jeter, de biais, un regard torve et lubrique

- Un regard d’urinoir !

sur les seins de Bea qui frissent (fritent, frétillent, frissonnent), en douceur, à la lumière du soleil couchant

- Ana, mon amour, ma muse, mon dictionnaire, des œufs sur le plat, quand on les met dans une poêle, quel est le verbe qui les fait s’agiter ?

- Ça dépend de la culture de référence… Avec de l’huile de palme, douchka, ou avec de l’huile d’olive ?

au bord de la piscine. Mais peut-être Alberto (ayant fui la dictature franquiste pour

- Quelle idée ! Etait-ce vraiment changer de camp ?

s’engager dans la marine marchande allemande) apprécie-t-il l’hommage ainsi rendu (par un rival !) à sa naïade préférée ?

- Ana, mon amour, ma muse, mon dictionnaire, il faut deux « m » à hommage ?

- Deux « m » et un seul « h », douchka, comme dans fromage ! Mais n’oublie pas que dans « fromage », il ne faut qu’un seul « m »…

- Un « m », c’est un « n » à trois pattes, non ? Tout à fait monstrueux, petite chérie ! Et un « e » à la fin aussi, j’imagine ?

- Une dame, il faut toujours un « e » à la fin, douchka ! Sinon c’est un homme ! J’ai dû rappeler ça aussi à Alain ! Décidément, vous les hommes, vous êtes tous les mêmes !


Claudine De Moor malaxe des boues (mais

- Ah non !

refuse obstinément de préparer du coq au vin avec de la bière et du lapin) et plante ses fétiches

- Meeeunon (comme dirait Françoise De Moor, sa soeur), il ne faut pas avoir peur ! Ce sont des fétiches bienveillants qui ne font de mal à personne! Alberto ne claquera pas des dents ! Arno ne frissonnera pas de plaisir ! Le « roux » ne fera pas dans ses coussinets !

de terre glaise dans les parterres (en cailloux) du jardin.

Jean-Marc Dezille cherche désespérément son papier à rouler des clopes (ou des joints) et son paquet de tabac

- Et aussi son briquet que je dois absolument me rappeler de lui voler avant son départ !

dans un des trop nombreux goussets de son gilet multipoches et propose, avec audace, de cuisiner du « boding »

- Pour toute la troupe !

mais Alain Brezault

- Ah non !

ne veut

- Il n’en est pas question !

absolument pas

- Par contre, si tu me préparais une entrecôte à l’os, sur un feu de bois, bien grillée, bien poivrée, bien saignante… et que tu me la servais avec une noisette de beurre et un brin de persil, je ne dirais pas non…

- Et des salchichas et des chuletas pour tout le monde ! Et une épaule de mouton et des pommes de terre en robe de chambre ! Le festin ! On inviterait Carmen, Sole et Sebas ! Ce serait la toute grosse fête ! Ça se passerait dans la soirée pour que les guêpes ne viennent pas s’asseoir à notre table !

- Oui, mais on ne pourra quand même pas empêcher le « roux » et les autres chats du quartier de venir mendier leur part !

en entendre parler.


Tandis que Françoise De Moor s’ennuie de ses amis eivissiens et prévoit de camper toute une nuit, en compagnie d’Arno, dans une clairière, sous une yourte mongole ou un abri de feuilles, sous le soleil ou sous la pluie, sur la rocaille ou dans les ronces, sous les étoiles ou sous les nuages, avec les bêtes féroces (les crabes, les moustiques, les méduses roses fluo, les scorpions, les chauves-souris, les oursins à la fraise, les vives au chocolat, les araignées à la pistache, les vipères à la vanille, les guêpes et les frelons) et les deux poules pondeuses

- Et le chien thaïlandais, Lamai !

et les nombreux potes (Toni le vieux complice de la Mère Supérieure, Sebas le coquin de Bunta, Blanca la coquine de Nacho et

- Et Lolita, la petite chienne albinos (la ballerine échevelée, aux yeux de fumeuse de chanvre et au groin de porcelet rose) !

Dalia qui n’a pas de coquin apparent mais qui est une copine des deux grandes filles de la maison, Sole et

- Bunta, dont le numéro de portable (610240504) à Alcoy paraît ne pas répondre ! Mais peut-être Sebas nous l’a-t-il mal transcrit ? On était tous un peu bourrés, ce soir-là, dans son village d’indiens Pueblo, au pied de la montagne sacrée !

Bunta) de son amie, la très séduisante et la très hospitalière Carmen, et de passer la soirée à papoter gaiement en veillant néanmoins (comme indiqué sur la notice) à régulièrement faire rouler son stick antimoustique à la citronnelle sur les parties découvertes de son corps (les pieds, les mains, les bras et les épaules) en évitant tout contact avec les yeux, les muqueuses, les plaies ouvertes ainsi qu’avec les matières artificielles, synthétiques et les vernis (entre autres les montures de lunettes).


Tandis qu’Arno, très inspiré par le boutiquisme

- Ainsi donc, les petits-fils des bohémiens, les descendants branchés et les héritiers fauchés de célèbres pseudo-peintres et de prétendus musiciens connus (ayant appareillé pour Tanger et faisant escale à Eivissa ?) sont-ils devenus des vendeurs d’amusettes et de colifichets !

de Las Dalias, fabrique des porte-monnaie en papier et envisage de faire carrière dans le commerce du bric, du brac, du brol et du broc…

Jamais à court de bonnes idées, je suggère à Arno de revendre ses pièces de vingt cents à cinquante cents

- Et ta pièce d’un euro à deux euros !

pour pouvoir se payer une partie de billard dans un club (pension complète obligatoire, animation non-stop de dix heures du matin à onze heures du soir, vente de journaux étrangers, voyages

- Défense de cracher, interdiction de blasphémer, ne pas distraire le conducteur de la STIB, on ne jette pas ses mégots dans les buissons !

en petit train jusqu’à Santa Eulària et autres sorties organisées) ou un bistrot du quartier. Et d’ouvrir

- Les cultures combinées, c’est ça le créneau porteur, la nouvelle frontière du capitalisme agricole militant !

avec un seul congélateur, une boucherie-buvette (on y vendra de la viande fraîche et on y servira aussi des boissons glacées) aux confins du désert. Et je lui apprends aussi

- Encore une bonne idée !

comment laver et repasser ses fringues à l’économie et

- La paresse est un art noble ?

- Ouais, un art de fils de bourges et de boyards et autres parasites sociaux !

sans trop se fatiguer.

- Tu mets tes vêtements sales directement sur le fil à linge et tu attends que le grand orage rédempteur passe (celui qui va mouiller les meilleurs pages du cahier de poésie de Bea) ! Tu peux me croire, fiston ! Je suis un vrai grand-père, non ? Et les grands-pères peuvent dire n'importe quoi ! Et je m’appelle aussi, en toute simplicité, le Peuple ! Et le Peuple a toujours raison ! Tu n’as rien contre la démocratie, j’espère ?


Et que devient Motema Magique dans ce (dirait Jipéji) « camping à Benidorm » ?

- La femme du Peuple passe plus de temps à laver son maillot de bain (neuf, acheté à Valencia, à la fin du mois de juillet, au Corte Inglés, le dernier jour des soldes, tout blanc et dont le cul est à présent jauni comme une couche culotte usagée) qu’à le porter ! A part ça, elle joue au scrabble avec Alain ! Et quand elle joue, elle me fout une paix républicaine (pendant une heure au moins) (par partie) (et il y en a souvent plusieurs) et ne m’oblige pas à faire des mots croisés pour penser idiot ou à sauter à la corde pour maigrir idiot… ou à sécher au soleil (comme une vieille carpette humide) pour estiver idiot !

- Tu es encore jaloux du soleil, douchka ? Mais tu sais bien, pourtant, que je n’y suis pour rien ! C’est le soleil qui m’appelle, c’est le soleil qui a besoin de moi, c’est le soleil qui m’aime…


Alain Brezault et Vieux Didier


Evidemment que nous ne sommes

- Et Françoise, évidemment, tient à nous le rappeler !

- Elle a bien raison raison, douchka ! Comment pouvait-elle vous rater ?

rien d’autre que des ploucs franco-belges, en vacances à Eivissa, attablés sur le trottoir, au « bar Anita »

- Et, à présent, au « bar Vicente », je suppose ?

- Pourquoi ça, douchka ?

- C’est Vicente le patron à présent, non ?

- Peut-être oui, douchka… Peut-être non… Chez les Ibères, chaque loufiat joue à être le patron… Et peut-être Vicente n’est-il que le gérant de la gargote… ou un simple serveur… ou même un saisonnier…

à Sant Carles de Peralta, alors qu’ils auraient préféré se prendre

- Eh, macho !

pour des pépés vicelards et rigolards d’Aquitaine ou d’Ardenne (assis à l’ombre, sur un banc ou un muret de vieilles pierres, à La Magistère ou à Nassogne, la canne en dessous du menton)


regardent les voitures (freiner et), passer et

les taxis (ralentir et), passer et

- Quelles sont les nouvelles tendances du porno ?

les tracteurs (faire craquer leur boîte de vitesse et), passer et

- Au prix que coûtent les cigarettes en Espagne, ce serait un péché de s’arrêter de fumer ! Quand on fume ici, on a l’impression de faire des économies !

les autobus (attendre que ça se dégage et manœuvrer et), passer et

- Comment se porte la mort prochaine de Castro ?

devisent du prix des paquets de clopes et (en parcourant les titres du Figaro) de l’état de santé du vieux Fidel…


Quelque gouttes de pluie tombent dans l’eau (ou sont-ce de menus fretins qui viennent respirer en surface, furtivement ?)… Motema Magique, oeil de brochet, retrouve la boucle d’oreille de Claudine au fond de la piscine où elle

- Pas Claudine ! La boucle !

essayait (peut-être s’était elle

- Pas Claudine ! La boucle !

cachée en dessous d’une feuille morte ?) de jouer à l’innocente bestiole

mais ce n’est pas Tantine Betena

- Ça ne va pas la tête ! Le soleil ne cogne pas assez fort ! Et l’eau est encore trop froide pour moi !

mais c’est Alain Brezault qui

- Eh, macho !

courageusement, plonge et ramasse la bête féroce (un crabe, un moustique, une méduse rose fluo, un scorpion, une chauve-souris, un oursin à la fraise, une vive au chocolat, une araignée à la pistache, une vipère à la vanille, une guêpe et un frelon) sans qu’elle

- Pas Claudine ! La bête !

le pique ou qu’elle

- Pas Claudine ! La bête !

le morde.


Plus tard dans la journée, Arno se brosse les dents avec la gomme de son crayon.

Il est à peine 22h07. Ce sera bientôt l’heure de dîner. Et le « roux » vient déjà réclamer sa pitance.

- Encore ? C’est comment ? Arrête de pleurnicher tout le temps ! Tu ferais bien de terminer d’abord ton assiette de la nuit dernière ! Il te reste encore une tête de lézard, un torse et les deux pattes avant !

- Meeeunon (comme dirait encore Françoise), ce n’est pas moi ! Je n’ai pas mangé une seule moitié de lézard le nuit dernière ! C’est sûrement Alberto (dont tout le monde sait qu’il a volé le cahier de poésie de Bea) (qu’elle avait mis sécher sur un fil à linge après le grand orage rédempteur) le coupable !


Sur et pour


Vieux Didier écrit sur et pour Motema Magique qui

- Ana est une autre ?

- Non, peut-être !

ne le même lira pas.


Et ça énerve Vieux Didier, ça l’énerve et ça l’exaspère et ça le désespère… mais l’envol bruyant d’un

- Si je te lisais, je devrais peut-être te quitter… C’est ça que tu veux, peut-être ? Par contre j’aime beaucoup tes lettres juridiques (aux banques, à l’Office des étrangers, à l’ancien propriétaire de Nadine, à la ministre des Classes moyennes et de l’Industrie, à la Haute Ecole Francisco Ferrer, etc)… Je préfère le sauvetage en haute mer à la trempette dans une baignoire remplie de vieux linges moisis…

faisan besogneux, d’une chouette miteuse ou d’un corbeau décharné ne l’ont jamais effrayée… ni les bâillements furieux d’un crocodile affamé…


Et les enfants

- C’est vrai ça, nom di Dju ! A part Lilith, il n’y a personne qui me lit ? J’écris pour qui ?

- Pour toi-même, Ducon !

de Vieux Didier non plus. Sont-ils déterminés à quitter le navire et à suspendre leurs relations aériennes, maritimes, terrestres, postales, financières et littéraires avec leur père ?

Et ses petits-enfants non plus…

Mais peut-être qu’un jour, Sukina… elle lit déjà beaucoup… elle ne passe pas toute ses journées

- Mais une bonne partie quand même !

à envoyer et à recevoir des SMS… elle commence à écrire de petits poèmes habités par des radis et des éclats de chocolat…


Trente et un août


Aujourd’hui

- On est quel jour ?

c’est l’anniversaire de Motema Magique.

Elle est allée fêter ça au scrabble, comme un autre jeudi ordinaire, loin

- Peut-être devrais (pour éviter de devenir ce parano dont elle dit que je le suis ?) m’y mettre aussi ?

de son mari.

Alors qu'elle aurait pu (d'accord, elle s’est réveillée à cinq heures du matin, elle s’est levée à six heures, elle a nettoyé le micro-ondes à sept heures et le fils du toaster à huit heures, elle m’a préparé le café à neuf heures, elle m’a monté le plateau au lit à dix heures avant de prendre le bus 96 à onze heures

- Non, douchka, le 95 ! Le 96 va à Delta

- Ouais, ouais… C’est bien ce que je pensais…Tu prends le bus sans même savoir où tu vas ! Faut-il que tu sois accro !

à la place Blyckaerts…) (mais, mais, mais...) m'inviter à déjeuner… et me donner des sous pour que je lui achète des fleurs, non?


Aujourd’hui

- On est quel jour ?

trente et un août 2006, une pluie diluvienne s’est abattue sur la ville de Kikwit. De nombreuses toitures ont été emportées par le vent. Des arbres sont tombés sur les artères. Des ligablos ont été balayés. Des maisons ont été détruites. Même des temples de prière n’ont pas échappé à la hargne de Dieux féroces et envieux.


Vieux Didier se sent maltraité et

- Et n’oublie pas de te faire injecter un antipsychotique à longue durée d’action, parano !

envisage, si Motema Magique continue à ne pas être gentille avec lui

- J’apprends avec plaisir qu’Anna Bourguignont, procureur du Roi à Liège, a décidé que la tolérance zéro sera désormais d’application, dans son arrondissement judiciaire, envers les auteurs de maltraitance vis-à-vis des personnes âgées !

de déménager et

de descendre les 374 marches de l’escalier de la Montagne de Bueren et

de s’installer dans la ville (ils y sont nés, ils y ont fait leurs études ou ils y habitent ou ils y ont habité) de Françoise Lambinet, Jean-Emile et Viviane Caudron, Jules Ngole, Henri Kadiebwe, Germain Mukendi, Henri Jouant et

du Standard et

de la Jupiler.


Crue de la rivière Ndjili.

Inondation des quartiers de Bonhomme, Abattoir, Salongo et Kingabwa. Potagers dévastés. Maisons détruites. Tables, fauteuils, matelas, casseroles et bassines emportés par les eaux. Chute de grands arbres sur les artères

Un homme est mort écrasé par l'écroulement d'un mur.



Le Pamevo


Le Niacirema, Anne-Louise connait déjà… sûrement…

- Le Niacirema ?

- L’Américain, Anne-Louise ! Une variété de Blanc particulièrement dangereuse, très envahissante…

- Mais aussi un animal « utile », Vieux Didier ? L’Américain limite la prolifération de certaines espèces nuisibles …

- Comme quoi ?

- Comme les communistes et les islamistes…

Aujourd’hui, chère Anne-Louise, Vieux Didier va t’entretenir, du Pamevo…

- Le Pamevo ?

- Le Pamevo, Anne-Louise, c’est le « Blanc » en général…

et se permettre de dire de ce gars-là, le Pamevo, ce qu’il disait lui-même des esclaves et des serfs, des taillables et des corvéables, des assujettis, des ilotes, des captifs, des manants, des croquants, des cambrousards, des péquenots, des pedzouilles, des moujiks, des villageois et autres frustes, rustres et bouseux

- Tous paresseux, voleurs, menteurs et sales… et ne pensant qu’à baiser…

et des prolétaires, des ouvriers, des dockers, des mineurs, des fraiseurs, des lamineurs, des tourneurs, des fondeurs-mouleurs, des ajusteurs, des lavandières, des maçons, des menuisiers, des plombiers, des infirmières, des électriciens, des peintres, des chauffagistes, des couvreurs, des vendeuses, des laveurs de vitres, des magasiniers, des dactylographes, des manœuvres, des réceptionnistes, des concierges, des coiffeuses, des jardiniers, des aides-soignantes, des commis de cuisine, des journaliers, des intérimaires, des apprentis, des femmes d’ouvrage à l’heure et autres branleurs et branleuses et tire-au-flanc

- Tous paresseux, voleurs, menteurs et sales… et ne pensant qu’à baiser…

et aussi, depuis qu’il s’est lancé dans une vaste entreprise de domination et d’exploitation (ou, si tu préfères, de « civilisation » et de « christianisation ») de toute la planète, de tous les autres peuples du monde : les sauvages, les indigènes, les aborigènes, les naturels, les natifs, les vernaculaires, les païens, les idolâtres, les infidèles, les mécréants, les péons, les chamites, les youpins, les coolies, les bougnoules, les bicots, les ratons, les macaques, les fellahs du Maghreb, les vilains d’Océanie, les peaux-rouges d’Amérique, les mineurs de Chine au visage noirci par le charbon et les cul-terreux d’Afrique au « teint sombre »

- Tous paresseux, voleurs, menteurs et sales… et ne pensant qu’à baiser…


Et voilà donc ce qu’on pourrait en dire, du Blanc :

Le crâne du Blanc est de configuration bizarre… Le crâne du Blanc est très fragile et le Blanc doit toujours se couvrir la tête pour se protéger du soleil.

Le Blanc n’a pas d’hygiène ni de respect.

Le Blanc est un péril fécal. Il chie à l’intérieur même de la maison qu’il habite… à côté même de l’endroit où il mange… à côté même de l’endroit où il reçoit ses amis… à côté même de l’endroit où il dort avec sa femme.

Il pue de la gueule, empeste la crème solaire, le stick antimoustique à la citronnelle, le shampooing, la cigarette et la transpiration.

Il couche avec son chat (ou son chien ou même son cochon), mange de la viande crue et des fromages pourris, pleins de vers…

- Du camembert et du roquefort… et du fromage de Herve !

et fait du bruit quand il pisse

Le Blanc ne s’essuie pas le cul avec une oreille d’éléphant, un bec de perroquet ou une griffe de fée mais avec du papier de la même couleur blanche que lui. Le Blanc emballe sa morve dans une belle pièce de tissus

- Cette chose-là est-elle tellement précieuse ?

blanche qu’il met ensuite

- Pourquoi la garde-t-il ? Que va-t-il en faire après ?

dans une poche de sa soutane blanche

ou de son capitula.


Le Blanc n’est pas propre…

Il ne se fait pas circoncire, ne devient jamais un « vrai homme » et reste toute sa vie à l’état de chenille…

Le Blanc est vecteur de maladies, transmet des virus et des parasites, évangélise, baptise, coupe des mains, brûle des villages, chicote, instaure des « cultures obligatoires » et des travaux forcés de cantonnage manuel et

installe des clubs de vacances (avec pension complète obligatoire, animation non-stop et sorties organisées), soudoie les jeunes filles du coin et

- Se promenant avec des liasses de billets de banque dans le caleçon, faisant croire qu’il souffre d’une hernie !

les jeunes garçons, distribue des pièces de quelques cents aux enfants, ramène des souvenirs et

- Mindele ngulu !

des orphelins, volés à leurs parents, contre des dollars pour en faire des gitons, des domestiques ou des séminaristes.

Le Blanc et sa femme n’ont aucune pudeur.

La femme du Blanc adore qu’on lui embrasse le cou, qu’on lui fesse la croupe, qu’on lui tripote le trou de balle, qu’on lui caresse la foufoune et qu’on lui lèche le bonbon.


La femme du Blanc ne se lave pas quand elle fait l’amour. Avant, pendant et après. Elle préfère garder ses odeurs et se faire lécher par les mouches, sucer par les morpions et envahir par les acariens. La foufoune de la femme du Blanc est un cloaque. La foufoune de la femme du Blanc est fangeuse et pourrie et

- T’avais qu’à ne pas y mettre le nez, eh ! s’insurge Guy Gelgessen…

elle pue comme un sac de maïs et de haricots de Businga qui n’aurait pas trouvé d’acheteur (seuls quelques rares et vieux camions parcourent les cent cinquante kilomètres séparant Businga de Gbadolite et ils mettent parfois trois à quatre jours pour effectuer le trajet)… et se serait faisandé et se serait putréfié sur place faute de routes praticables…


Le Blanc, espèce autrefois abondante et pouvant être observée dans la plupart des pays du monde (le Blanc, espèce étrangère envahissante, s’étant, en effet, dans les anciens temps, approprié la planète entière), est, à présent, menacé de disparition. Toutes les variétés de cette espèce (le Blanc des montagnes, le Blanc des plaines, le Blanc des rivières, le Blanc des fonds de vallée, le Blanc des bords de mer, le Blanc des volcans, le Blanc du désert, le Blanc des neiges, le Blanc des forêts, le Blanc du jour et le Blanc de la nuit) (le missionnaire, le mercenaire, le planteur, l’homme d’affaires et l’expert international) (et même le Blanc qui fait semblant d’être un Noir et qui se noircit le visage à la poudre à canon ou au bouchon brûlé) sont, en effet, confrontées à des problèmes analogues (épaississements cutanés, diarrhées sanglantes, lipomes et toux persistante, urines orangées, malformations vasculaires, pertes jaunâtres, lésions osseuses, crachats marrons, processus tumoraux) et leurs effectifs diminuent considérablement. Les populations restantes

- Faut-il les protéger ?

sont extrêmement vulnérables.


Les raisons de ce déclin sont diverses : guerres scolaires, incestes politiques, suicides linguistiques, surconsommation de médicaments de gourmandise et

- Des poudres pour sourire, pour maigrir, pour grossir, pour bander, contre le stress et contre les gaz !

de confort, abus d’antibiotiques dans le miel et de pesticides dans le Coca-Cola ou le Pepsi-Cola, excès de graisse dans les hamburgers et les saucisses-frites-mayo, déforestation galopante, tarissement des sources miraculeuses (où se baignaient les cochons roses et s’ébrouaient les canards verts), dysfonctionnements, malgouvernance, dérapage des systèmes informatiques, embardée fiscale, mauvaise application des procédures, erreurs de comptabilité, estompement des normes, collusion d’impondérables, chaîne d’évènements malheureux, vente à perte de bâtiments publics, engorgement des enrôlements, absence d’expertise qualifiée (au mois d’août, tous les experts prennent leurs vacances en même temps), usage malavisé de préservatifs en fibres d’amiante (parfumés à la fraise ou à la banane, avec anneau vibrant, fluorescents et des spirales en relief) et engourdissement du pénis pouvant en résulter, faible taux de fécondité (la femelle du Blanc n’est pas sexuellement matures avant l’âge de douze ans et met rarement au monde plus d’un petit par portée), pannes de libido, alanguissement des spermatozoïdes, rupture de la chaîne de froid du sperme congelé, pratiques reproductives inconsidérées (souvent le Blanc

- Ne serais-tu pas de mauvaise foi, Vieux Didier ?

- Evidemment que je le suis, Anne-Louise ! Toujours ! Méthodologiquement ! J’adore écrire à la machette et à la tronçonneuse !

- Je crois bien finalement, Vieux Didier, que tu es raciste…

- Tu remarqueras, chère Anne-Louise, que je lui ai quand même foutu une majuscule, à ton Blanc…Pour qu’on le voie venir de loin et qu’on puisse s’enfuir… ou prendre les armes à son approche… Mais, si ça peut te « consoler », Anne-Louise, sache bien que le « Blanc » (« attention, le Blanc va venir ! » dit-on au Togo, pour faire peur aux enfants, lorsqu’ils ne sont pas sages et rechignent à aller se coucher, comme on mettait en garde les jeunes Congolais contre le « mundele ngulu » et qu’on effrayait les jeunes Allemands en leur annonçant l’arrivée des grognards de l’Empire : « attention, Napoléon va venir ! »)… il en existe dans tous les pays, dans toutes les époques… et de toutes les couleurs !

- Tu dis quand même des choses bizarres…

- Je peux me taire aussi et n’avoir rien dit… C’est mieux ainsi ? Il n’y a plus de problème ?


préfère la masturbation à l’accouplement tandis, parfois, il est plutôt friand de pipes et d’enculades et implore qu’on le suce ou supplie qu’on le sodomise) à rendement médiocre…

- Dis-moi quand même, Vieux Didier, ce nom-là, « Pamevo », c’est toi qui l’as inventé ?

- Absolument pas ! Ce n’est pas moi, c’est Antoine Gizenga… mais, lui, le Patriarche, c’est plutôt certains Congolais qu’il vise… ceux qui s’en sont mis plein les poches sur le dos de la population… Chacun nettoie son linge… A chacun sa légitimité… Moi, c’est les Blancs que je lave…


On l’appelait Pressé-Pressé.


La femme du Peuple n’aimait pas

- Vous marchez trop vite, mon ami !

se promener avec le Peuple autour des étangs d’Ixelles (et risquer d’y rencontrer Bob et Yaki) ou dans la forêt de Soignes (et y surprendre des chevreuils et des renards et faire leur connaissance) (et

- Qui donc est cette jeune femme que je croise sans arrêt sur mon chemin ? Je pense qu’elle me suit et je commence à m’en inquièter… ne serait-ce pas un de ces incubes ou une de ces succubes contre lesquels la sainte bible nous met en garde ? Ne s’agirait-il pas plutôt d’une androphobe ou d’une anandryne ? Marchons plus vite, mon ami et tentons de distancier cette démone ! Trouvons refuge dans une chapelle !

Zora Lee) (et des petits chaperons rouges de quarante ans passés tenant un loup en laisse) ni

- Vous mangez trop vite, mon ami ! De façon compulsive ! Et vous salissez la serviette, la nappe et votre chemise !

savourer la cuisine de Kim (et le sourire de Nya) avec lui ni

- Vous êtes saoul trop vite, mon ami !

boire de grandes bouteilles de Jupiler (chez Jackie, Ambo, Chantal, Ma Monique, Ma Betty ou Vieux Henri) avec lui ni

- Vous versez trop vite, mon ami ! Vous ne pouvez pas vous retenir ?

faire l’amour

- Vous avez déjà versé, très cher ? Vous pouvez alors vous retirer, mon ami !

avec lui ?


Les « paraboles », quand se terminent par un point d’interrogation, ne sont pas toujours d’une interprétation facile et

- C’est donc pour ça qu’on t’appele Pressé-Pressé, douchka ? Parce que tu ne pouvais pas te retenir et que tu lui (palado, chérie, pression eleki !) éjaculais dans les doigts lorsqu’une nana t’aidait à enfiler un préservatif ?

- Mais non, petite chérie, je rigole… C’est le professeur Mbulamoko qui m’a donné ce surnom, parce que je le faisais chier avec mes dossiers que je lui transmettais en retard et que je lui demandais de traiter d’urgence… et que je ne lui laissais même pas le temps de lire son courrier matinal, de manger ses kamundele et de boire un premier verre !

ne cachent certainement aucun enseignement ?


Une deuxième virée à Valencia


Avant Vieux Didier voyageait.

Il cherchait les avatars (dans toutes les acceptions du terme), il traquait les aventures.

- Et maintenant que tu te retrouves au placard, douchka, qu’est-ce que tu vas faire de ta vie, tu vas te mettre à prendre des photos et à tourner des films ?

- Je ne m’appelle pas Moura, moi ! Les films et les photos, ce n’est vraiment pas mon truc ! Mon délire à moi, ma démence gothique actuelle, c’est d’écrire des cartes postales électroniques !

- Aux copains, à la famille, à des inconnus ?

- Sur les copains et sur la famille et sur des inconnus, petite chérie ! Sans timbres et sans adresses ! Mais tu ne dois pas trop t’inquiéter, petite chérie, avec un peu de chance, ils ne les liront (ou ne les comprendront) jamais !


Osera-t-il encore écrire des cartes postales ibériques sans que Motema Magique trouve à le censurer ? Les feux de circulation, bloqués à l’orange, passeront-ils au rouge ? La liberté de taquiner

- Importuner souvent (et quelquefois blesser), douchka ! Je ne te fais pas nécessairement confiance !

lui sera-t-elle à nouveau refusée ? Et sera-t-il obligé d’écrire comme on se masturbe (en cachette, silencieusement, à la lumière

- Est-ce vraiment nécessaire, douchka ? Tu ne peux pas faire ça dans le noir ?

d’une lampe de poche, sous les draps) ?

- A quelle heure de l’aube passe le camion poubelle (on va m’emballer dans un sac en plastique et me déverser à la décharge publique, des gens vont se précipiter pour fouiller la montagne d’ordures ménagères sous laquelle je serai enterré, une truie va peut-être m’exhumer en creusant des sillons dans le dépotoir !) qui doit venir me chercher, petite chérie ?


Vieux Didier écrira-t-il qu’en Espagne, même les femmes sont machos et que, dans ce pays, il n’est jamais autorisé

- Ni chez Agnès, ni chez Carmen !

à faire la vaisselle ?


Ecrira-t-il qu’à l’Eliana il a réappris à pisser assis (comme il le faisait chez Gougoui, à Badja) pour mieux se presser la papaye ou le pamplemousse, en extraire tout le jus et aller à l’extrême bout de sa ves-

- Et éviter ainsi de mouiller la planche des gens, douchka !

sie prosta-

teuse.


Ecrira-t-il qu’à L’Eliana et à Eivissa, il passe mon temps à se gratter, gratter, gratter, gratter, gratter

- Voyons, douchka, à ton âge on ne se gratte plus !

gratter, gratter, gratter, gratter, gratter, gratter (les puces, les moustiques ou les araignées, les prurits

- Tu veux te prendre une gifle, douchka?

familiaux ou conjugaux) le pied et le mollet gauche, la cuisse droite et

- Il faudrait quand même que ça s’arrête à temps, douchka ! Et que tu veilles à te protéger l’entrejambe et les testicules ! Ça peut encore servir !

le creux des orbites et derrière les oreilles ?


Ecrira-t-il que Moura

- La surnommée !

- Pourquoi la surnommée ?

- Parce qu’on l’appelle aussi « Tata », « Françoise » ou « La Paca » ! Parce qu’elle porte trop de noms, quoi !

lui coud et lui

- Parce que la première couture n’avait pas tenu, eh !

recoud des pantalons wax et qu’elle le surprend, étendu mort sur une chaise longue, au soleil, sur la terrasse, faisant sécher les croûtes purulentes de ses plaies (des mouches bégueules… zonzonnaient, tournoyaient, inspectaient… mais hésitaient à se poser…) et qu’elle en profite pour le paparazzer sous tous les angles et qu’elle

- Décidément, petite chérie, même quand je dors, je ressemble de plus en plus à un vilain crapaud ! Comment se fait-il que tu n’aies pas encore changé de modèle ? Est-ce de la tolérance, de l’assuétude, de la résignation ou un manque total d’ambition ? Te serais-tu résignée à passer le reste de ta vie devant la télévision à côté d’un mari qui bouffe (bruyamment) des frites en lisant (bruyamment) son journal ?

- Ça c’est bien vrai, douchka, les sourds font beaucoup de bruit !

exhibe ses trophées ensuite.


Ecrira-t-il que le lâcher de toros (ou de vachettes) (dont les cormes bouchonnées et goudronnées auront, au préalable

- Ce dont Nadine se rappelle encore avec horreur, douchka !

été allumées par des incendiaires de réverbères) dans les ruelles de Villamarxant lui inspire

- Mais les villageois républicains ont certainement déjà expérimenté un dispositif de défense ce genre, petite chérie, non ? Pendant la guerre civile, pour contrarier l’avancée des troupes franquistes, non ?

de nouvelles techniques de guérilla urbaine ?


Ecrira-t-il que Sarah prépare une grande tarte aux pommes et à la cassonade pour son coquin et la maman

- Tour le monde a adoré ! Sauf eux deux… Ils n’aiment pas le sucre brun !

de son coquin (dont on fêtera l’anniversaire demain) et que Yaki, le chien, a été invité

- Mais oui, maman, ça ne posera pas de problème, je m’en occuperai moi-même, je te le promets !

à participer aux festivités !) et que David joue du piano avec délicatesse (sans

- Il y a quand même des notes qui ne devraient pas exister ! marmonne-t-il…

casser une seule note ni faire sauter une seule corde de la casserole).


Ecrira-t-il que Ronny, le chat, délace ses bottines (et les ficelles du soutien-gorge et

- Mais il n’a pas encore réussi à défaire le nœud de son nombril ! Faudrait tout de même pas qu’elle se dégonfle comme un matelas pneumatique !

du bikini de Motema Magique) et cherche à décrocher un régime riquiqui de bananes chétives (qui ne passeront pas l’hiver) et prétend jouer au scrabble (à grands coups de pattes) avec Da-

- Il y a des mots qui devraient quand même exister ! remarmonne-t-il…

vid tandis que

- Lequel d’entre eux a vomi (quelques herbes à chat, du yoghourt verdâtre et baveux, à présent desséché) (de la cerveza et du vino rojo), cette nuit, sur la terrasse ?

Chipie, l’autre chat, se laisse désirer mais finit toujours par apparaître, boudeuse et lascive, s’étirant les orteils et se caressant les coussinets.


Ecrira-t-il qu’il se coupe les ongles pour ne pas

- Tu n’as qu’à porter des mapapas, douchka ! Et mettre un short (celui qu’Antonio t’a passé), non ? Comme tout le monde, quoi ! Comment t’es fagoté ? Cesse de nous taper la whonte avec tes bottines crasseuses de novembre-décembre-janvier 1964 et ton vieux pantalon fripé de février-mars-avril 1977 !

trouer ses chaussettes ?


Ecrira-t-il aussi que, dans le jardin de la maison d’Agnès, en termes d’odeur, le jasmin hésite entre le purin et le pipi de chat ?

- Arrête de nous gonfler, douchka ! Altère ta joie ! Si tu continues d’écrire des bêtises, je vais te punir !

- Mais comment ça, petite chérie ?

- Tu verras bien !


Ecrira-t-il que le mur du jardin de la maison d’Agnès ne cesse de bientôt s’effondrer et qu’on n’oserait plus proposer à la Mami

et à la bande des trois frères (Antonio, Andrès et Martin) (le pirate des Caraïbes, l’ingénieur en oranges et le dirigeant syndicaliste ayant des amitiés palestiniennes)

- Mais Martin, lui, a trouvé la solution ! On le surprend dans la piscine, couché sur des churros (ou des macaronis ou des frites) (ça dépend de la langue ou de la culture de référence), somnolant et ronflant ! Hay un cadaver dentro de la piscina (une douce colombe perchée sur son nez lui picore tendrement les lèvres et le nombril) ! Moura (on pouvait s’en douter !) dégaine son appareil, zoome, flashe et couvre l’évènement !

de venir faire la sieste, sur une chaise longue, à l’ombre du grand pin mitoyen.


Ecrira-t-il qu’après la paella préparée

- Ay ! Que poniente ! Mêmes les feuilles de salade s’envolent !

- Bien sûr, douchka, sauf que la paella valenciana, ça ne se prépare pas avec des feuilles de salade !

par Andrès (juste avant le concert) (la Mami pianotant, Martin officiant à la flûte traversière et Andrès s’employant à la claque) (et bien avant la partie de barajas) (qui se jouera

- Pour de l’argent (des cents, pas des euros) ! Et c’est presque toujours le Mami qui gagne (aujourd’hui ce sera d’abord Olga puis Espé qui rafleront tout et, ensuite, la partie s’arrêtera parce que le reste de la famille sera complètement désargenté) ! On la soupçonne même de tricher ?

avec la même équipe et les autres convives : Espe, Olga, José, Gloria et

- Et David ?

- David, il est encore au boulot ! Mais il a demandé, par téléphone, qu’on lui réserve groooosse portion de paella ! Et il voudra sûrement taper les cartes comme tout le monde !

la Paca), le repas se termine

- Como siempre !

par une mascleta de pets et

- Ils (Martin et Andres, les coupables ?) accusent Nico, le chien de Martin !

- Et pourquoi n’accusent-ils pas (Martin et Andrès, les coupables ?) Yaki ?

un castillo de chistes (con dos pelotas y muchos otras cosas muy interessantes) auxquelles, évidemment, Vieux Didier

- Je suis un peu sourd et j’ai l’esprit plutôt lent ?

- Peut-être, douchka, devrais-tu d’abord apprendre l’espagnol ?

- Tu me passes l’encendedor, petite chérie ?

- On dit « da me el cenicero », Ducon !

ne pige que dalle et qu’Motema Magique est bien obligée de lui traduire comme on peut être contraint, lors d’une fête de bienfaisance, de dépiauter les crevettes d’un parkisonnien méritant. Mais

- Joder !

qu’est-ce que ça la fait chier !


Tandis qu’Olga rit aussi bien en

- Cette idée de mascleta de pets, petite chérie, c’est elle qui me l’a suggérée !

français qu’en

- Gloria joue aussi dans les deux langues mais, toujours aussi modeste et réservée (un jour, cependant, le volcan s’éveillera ?), elle s’en cache bien !

espagnol, qu’Espi est ravissante (en orange et en bleu !) comme une gitane

- Comme une chic tzigane, pas comme une moche manouche !

- Ouais…On doit applaudir ?

et que José (qui, « al fin », sera remplacé aux cartes par David) se propose de goûter toutes les bières

- Je veux bien l’accompagner !

et tous les vins

- Ça non!

- Porque no ?

- Parce que, comme on dit en Flandre, « wijn op bier is venijn » !


Ecrira-t-il enfin qu’Agnès est en pleine forme et devient (encore !) de plus en plus belle et qu’elle nage à poil dans sa piscine et qu’elle passe quelques jours à Madrid (avec Moura, Martin et Karim, alias « Que bueno, que bueno ! ») et qu’elle chante Aznavour et Piaf (Antonio l’accompagnant à la guitare et Yaki battant la mesure avec son moignon de queue) et qu’elle va au cinéma à L’Eliana

- Avec des boules Quies dans les oreilles parce que le bruit la dérange !

et qu’elle danse le tango sur la terrasse (avec Motema Magique, Antonio et Moura) jusqu’à trois ou quatre heures du matin et qu’elle s’est décidée à faire réparer son mur avant qu’il ne écroule sur les vaches et les moutons

- Ou sur Motema Magique ou sur Moura qui sèchent dans l’herbe, comme des serviettes de bain sorties de la machine à laver (ou se tartinent les cuisses de crème solaire) ?

qui paissent dans le prairie ?


Ecrira-t-il qu’à Valencia la mer s’est subitement retirée loin du rivage et qu’on a retrouvé

- Ça, c’est un clin d’œil adressé à Blanca et à Nacho (et à Lolita, la petite chienne albinos, la ballerine échevelée, aux yeux de fumeuse de chanvre et au groin de porcelet rose) !

- Qui c’est ?

- Des amis, des Valenciens qu’Ana et moi avons rencontrés à Eivissa ! Chez Carmen (l’adorable) et Sole (au sourire lumineux) ! Blanca travaille pour l’AC ! Jusqu’en 2007 ! Il faut bien gagner sa vie, non ?

sur la nouvelle plage, les cadavres dénudés des milliardaires de l’AmErican Cup , allongés sur la grève, la bouche plein de sable, grignotés

- Les crabes mangent-ils avec les dents ou utilisent-ils des couverts ?

par les tourteaux ? Et que les immigrés, venus d’Afrique, ont enfin pu traverser la Méditerranée à pied ?


VNV 538, mon amour ?


PCV 783 a cessé d’exister, mon amour.

Lianja, l’impétueux, est sans doute, à présent, devenu un excellent conducteur mais


Avec un petit coup de main du fils aîné… Mais, dans le cas d’Eric, il s’agissait d’un accident « subi », dont il n’était pas responsable… Tandis que Lianja a offert à ses parents, sur leur voiture, en moins d’un an, trois accrochages pour lesquels il a fallu que les assureurs casquent… Et ils n’aiment pas ça


son écolage a été, pour le moins, « difficile » si bien que PCV 783 a été placée sur la liste noire des assujreurs automobiles.


Et Djuna ?

Djuna, quant à lui, n’a jamais

- Moi, je n’ai pas envie de faire les courses de toute la maison !

voulu passer le permis de conduire

- Mais je sais remplir, mettre en route et vider la machine à laver le linge ! Et le séchoir aussi ! Mieux que Lianja !


PCV 783 a donc été vendue et rachetée. Et circule à présent sous un autre nom, mon amour.

PCV 783 a changé de nom et s’appelle désormais VNV 538, mon amour.

- Tosanoli bango ! Nous les avons peignés !

Et Kinshasa aussi a bien changé et s’appelle à présent Kisanola, mon amour

- Totonga mboka ! Construisons le pays !


Un train de marchandises en provenance de Matadi déraille près de la gare de Kimwenza, dans la commune de Mont-Ngafula.

L'accident n'a pas fait de victimes.


Vieux Didier lit même Le Figaro


A Sant Carles de Peralta, Vieux Didier lit le journal

- Je préfère les nouvelles rêches des quotidiens et des agences de presse aux « plats préparés » des revues hebdomadaires !

en français. Il lit tout ce qu’on trouve dans le coin … et même Le Figaro.


Dans le carnet du jour du Figaro, on ne se mélange pas. Les filles de bonne famille se marient dans leur race et s’habillent dans leur trousseau

De la haute couture à l’ancienne. Pas de wonderbra, de pousse-derrière, de guêpière, de porte-jarretelle, de cuissardes et pas non plus

- Le slip à fil dentaire ! Dépassant même du jeans pour qu’on le voie mieux !

de string.


Dans les annonces nécrologiques du carnet du jour du Figaro, ne figure que du beau monde : le vicomte du Boudin de Camembert, le comte de Cabot Russe, mademoiselle Vaseline de Sainte Peureuse de la Motte, madame de Laisse ta Pisse (avec un petit « t », s’il vous plait !).

Aucun d’entre eux n’a jamais été retrouvé mort dans une cave à Bobigny, sur les berges du Rhône, dans un bosquet du parc des Lilas à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) ou dans les toilettes d’une usine de Renault. Aucun d’entre eux n’a été poignardé sur la bande d’arrêt d’urgence d’une autoroute du soleil. Aucun d’entre eux n’a été tamponné par une rame de métro en taguant un tunnel entre les stations Bréguet-Sapin et Richard-Lenoir. Aucun d’entre eux n’a été retrouvé pendu dans sa cellule de la prison de Gradignan (Gironde). Aucun d’entre eux n’a été jeté dans le fleuve Congo, à la hauteur des chutes de Kinsuka.

- Ils ont tous été « rappelés à Dieu » ou « accueillis dans la Paix de Son Amour » ! Ils ont pris « le Chemin de la Plénitude de la Vie » ! Ils ont « quitté le monde » dans l’honneur et la dignité ! En chemise et bonnet de nuit et dans des draps propres et brodés ! Avec un chapelet entre les doigts ! Ils ont tous suivi leur messe d’enterrement en latin !


Dans Le Figaro, les gens meurent très vieux (combien d’animaux exécutés, d’arbres abattus, de plantes arrachées, d’hommes et de femmes ravagés, de shegués du marché central ou du rond-point Victoire abusés pour permettre à ces quelques gens-là d’avaler leur chique aussi lentement ?) et repus

- Suggérerai-je, à mon retour en Belgique, d’ouvrir dans le journal de Spirou une rubrique nécrologique pour les enfants ? Pour les enfants soldats des groupes armés de « Gédéon » ou de « Macchabée » qui auront été fauchés par les tirs de mitrailleuses lourdes de 12,7 mm de la Monuc ou des Forces armées de la RDC dans le Nord-Katanga et pour les enfants creuseurs du village de Benakaseya qui seront morts de suffocation, à la suite d’un éboulement, dans la mine à ciel ouvert de Matempo ?


Kako


Kako (l’aîné des petits-fils de Motema Magique et de Vieux Didier) est revenu du Congo dimanche matin. Toute la nuit, toute la nuit, toute la nuit, il n’a pas arrêté, pas arrêté, pas arrêté de

- Ça faisait presque un an qu’il n’avait plus vu sa mère !

téléphoner, téléphoner, téléphoner, téléphoner, téléphoner, téléphoner à Nadine (qui était de garde dans une maison de repos de la chaussée de Vleurgat ou du boulevard Général Jacques), dans la nuit de dimanche à lundi, parce qu’il avait peur de s’endormir, de s’endormir, de s’endormir, de s’endormir, de s’endormir, de s’endormir et de

se réveiller le lendemain matin à Kinshasa, dans la maison de son papa, mais tellement loin de sa maman…