mardi 4 mai 2010

AnaCo 2 - Du Togo au Togo - Emilien est sur Henriette

Didier de Lannoy
Vieux Didier s'intronise président-fondateur de la branche congolaise de la famille
(avec, en sous-main, Zora Lee et bus 96)
Dépêches de l'agence de presse privée Ana et le Congo (AnaCo) - Série 2
Deuxième compil de dépêches (déchaussées, divagantes, yoyotantes) de l’agence de presse privée AnaCo : recueil de non-dits, de cartes postales électroniques, de clichés de famille et de « cartons de château » résolument nunuches… dans lesquels, avant sa crevaison, Vieux Didier raconte à sa façon, en se donnant toujours le beau rôle, la vie dure qu’il a menée à Motema Magique et s’applique à faire des mignardises et des chatouilles à presque tout le monde parce que (le contraire aurait été trop risqué) « on ne peut quand même pas dire du mal des pendards de sa propre bande »
Nassogne (Badja), Matonge (Bruxelles), 2006-2007
Extraits - En vrac




Sur l'agence AnaCo, voir aussi:
http://anaco1.blogspot.com/

et
http://anaco3.over-blog.net/


Sur le Congo, voir aussi (notamment):



Du Togo au Togo.


Ainsi donc, c’est décidé, Motema Magique

- Tu commences à vraiment débloquer… Ça te fera le plus grand bien !

renvoie Vieux Didier à Nassogne (Badja), chez son beau-père et son complice, Gougoui Kangni, le 2 décembre 2006. Et Vieux Didier en reviendra

- Ou, peut-être, plus tôt… en cas de décès inopiné, eh ?

- Meeeeunon (comme n’arrête pas de dire Françoise De Moor) ! Je veillerai à ce que tu sois enterré sur place !

- Et mon corps que je devais donner à la science ?

- Sans effet ! De toute manière, c’est au successeur du vieux satrape qu’il revient de décider de ce qu’on va faire de sa charogne, non ? Et, quant à moi, je pense que la science n’a plus rien à tirer d’une vieille carcasse comme la tienne ! Et, comme pour le bizness de la résurrection, tu n’as jamais été crédible et que, pour le bizness des pièces de rechange, t’es beaucoup trop rouillé…

- On ne peut vraiment plus rien en faire de mon beau corps ? Aucun recyclage n’est possible ? Aucune réutilisation ?

- Aucune !

- On ne pourrait même pas s’en servir pour la formation des apprentis chirurgiens-sorciers… les exercices pratiques… la découpe en atelier ?

- Même pas !

quelques trois mois plus tard, le 27 ou le 28 (il faudra que Vieux Didier demande

- à Bobonne ?

à la patronne) février 2007.


Et ainsi tout sera bouclé.

Et l’agence de presse privée de Vieux Didier, AnaCo

- AnaCo, douchka ?

- Ben oui, « Ana et le Congo », petite chérie !

- Un sacré bazar, douchka ! Mais, dans foutoir-là, où le Congo se retrouve-t-il ? Et moi, quelle place j’occupe ?

- Toutes les places (Ana) et partout (le Congo) ! Le Congo est dans ta tête et dans ton corps, petite chérie ! Partout ! Le Congo est le pays d’élection de chacun (les gongs gongonnent !) de nos cinq enfants ! Partout ! Le Congo est profondément inscrit dans leur mémoire commune (les tam-tams tamtamment !) d’une jeunesse enchantée et dans leur rêve partagé (les maracas maracassent !) d’un avenir moins merdique ! Partout, quoi !

- Tu deviens larmoyant, douchka ! C’est l’âge ? Tu as fumé ?

- Lyrique, non ?

- C’est la même chose, douchka ! Prend tes médicaments !

interrompra la diffusion de ses dépêches (en attendant que leur chroniqueur, à bout de souffle, reprenne sa respiration et se regonfle les poumons ?) là même où elle avait été conçue

au Togo.

Mais si l’agence AnaCo venait à fermer, que ferait donc Vieux Didier ?

Ouvrirait-il un blog ainsi que le lui suggérait Kangni Alem ? Pour y coller, y plaquer, y placarder la vie cachée des gens… les sous-vêtements mis à sécher sur des étendoirs… les lettres d’amour que dérobent des facteurs en tournée ?

Et ne plus attendre qu’un plat soit refroidi pour le mettre à table et obliger les gens à se servir ?

Et puis monter au ciel, comme une hirondelle édentée ? Surplomber, observer, rigoler ?


Mais c’est quand même risqué… Vieux Didier craint, s’il ouvre un blog, que tout le monde puisse l’apercevoir et que tout le monde lui

- Ne ne tirez pas dessus ! Vous risqueriez de trouer mon portefeuille et toutes les photos d’Ana et des enfants qu’il contient ! Et plein de billets de banque, peut-être ! Attrapez-moi plutôt au lasso !

tire dessus et lui envoie du plomb ou des gnons dans le gueule… Sans

- Et puis je cesserais d’avoir l’initiative, non ?

prévenir…


Par le courriel Vieux Didier avait acquis le statut de tueur d’élite, il pouvait cibler les gens qu’il voulait atteindre (les interpeller, leur réclamer des comptes, etc)… Avec un blog, peut-être ne pourrait-il plus…


Pigeons


125.000 pigeons par semaine, la chaussée d’Ixelles constitue un poumon commercial incontournable.

- Les pigeons aiment le pop-corn ?


Un pigeon gît sur le trottoir. A la hauteur de la rue de la Paix. Fauché par une balle, une flèche ou une pierre perdue. Ou par le jet froid et puant d’une autopompe de la police fédérale.


Des roses blanches gobent des poissons rouges


- Motema Magique, c’est vous ?

- Oui docteur ! Quels sont les résultats des examens ? Quel est votre diagnostic ?

- Cancer de la thyroïde ou tumeur de l’hypophyse, quelque chose comme ça… mais il faudrait quand même procéder à des analyses complémentaires…pour être tout à fait sûr…

- Wallaï !

Depuis que la bombe a explosé, des roses blanches sans épines gobent des poissons rouges sans arêtes.


Mais lorsque la bombe leur avait pété dans la gueule, Vieux Didier et Motema Magique avaient-ils géré la situation comme il le fallait ?

Etaient-ils resté à l’intérieur de la maison, avaient-ils fermé toutes les fenêtres et obturé tous les soupiraux ? Avaient-ils confiné les enfants et

- Rentrez tout de suite ! Dérékitima ! Si vous n’obéissez pas, vous passerez la nuit dans la niche du chien ! Ou au poulailler… sous la surveillance et la protection des hiboux et des chauves-souris… enfermés avec les coqs et les poules !

les avaient-ils empêchés les enfants de jouer à cache-cache

- Terrorisés ! Chacun appréhendant l’attaque du renard, de l’hermine ou du blaireau !

entre les tombes du cimetière ? Avaient-ils pensé à mettre des torchons mouillés sous les portes ?


Emilien est sur Henriette


Dans la nuit de dimanche à lundi, Emilien

- Qu’est-ce que tu en penses, Henriette ? Me permettrais-tu de masser les pieds d’une jeune dame malade, oui ? Ne pourrait-on pas essayer de te rendre gravement enceinte, oui ?

a tenté de composter Henriette dans la maison de repos où le Centre Public d’Aide Sociale de la commune d’Ixelles les avait confinés.

Un autre résident, un envieux ou un frustré, a rapidement donné l’alarme.

- Au secours ! Venez vite ! A l’aide ! Appelez la police et le curé ! Emilien est sur Henriette !


Quand les aides-soignantes

- On peut s’aérer, non ?

- Calme ta joie, Emilien ! On ne retire pas le Pampers des gens sans leur demander la permission ! Retourne immédiatement dans ta chambre et mets-toi au lit ! Avale tes médicaments ! Et pas ceux des autres ! Repose-toi !

- De quel droit me tapez-vous sur les doigts, mesdames ! Ce ne sont pas des manières !

sont arrivées, Emilien avait déjà enlevé la couche-culotte d’Henriette, l’avait retournée sur le ventre et

- Ce ne sont pas des manières, mesdames ! On frappe avant d’entrer ! Dois-je me plaindre à la direction ?

l’embrassait sur toutes les fesses et s’apprêtait à la gnocoter. Il n’a pas du tout apprécié

- Ce sont des manières de sorcières, mesdames ! On n’entre pas comme ça chez les gens quand il fait noir ! Même lorsqu’on fait partie de la famille, ce qui n’est pas votre cas ! De quel droit m’enfermez-vous ? Qu’est-ce que je vous ai fait ?

d’être dérangé dans son entreprise.

- Vous me traumatisez, mesdames ! Une bonne raclée vous ferait le plus grand bien ! Je me suis couché à neuf heures du soir et levé à cinq heures du matin toute ma vie durant ! Et maintenant que je ne travaille plus et que je suis devenu vieux, on m’embête ! Vous appelez ça une maison de repos ? Qui peut m’aider à mourir ?


Emilien était

- Je suis né en 1917 pour ne pas me farcir (permettez-moi l’expression) la Première Guerre Mondiale ! Et vous allez me faire chier (permettez-moi l’expression), pour une histoire de couches-culottes en trop ou en moins ! Où est le respect, mesdames ?

né en 1917 et Henriette (une gamine de quinze ans plus jeune

- D’ailleurs c’est Henriette qui a commencé ! C’est une allumeuse ! Elle m’a demandé de lui masser les pieds ! Elle voulait que je la rende gravement enceinte ! Elle me mettait au défi d’égaler le génie fornicateur de Vauban !

- Vauban ?

- Ben oui, il était capable, me disait-elle, de prendre d’assaut toutes le forteresses qui se refusaient à lui !

que lui) en 1932.

Elle avait été conçue, pendant la crise économique mondiale, dans une roulotte tractée par un cheval cachectique et passait du bon temps avec Alzheimer. Il avait été conçu dans les toilettes d’un hôpital militaire (où une équipe médicale exemplaire tentait de dégazer son papa) et se la coulait douce avec Parkinson.



Les pâles du ventilateur


Les pales d’un ventilateur, ça s’écrirait quand même mieux avec un accent circonflexe, non ?

- Non !

- Non, petite chérie ?

- On t’a dit non, non ?


Morte ou veuve, c’est pas facile à vivre


Comme tous les soirs à la même heure, Tantine Betena viendra s’asseoir au fond du même refuge pour nains de jardin déclassés, décolorés et désacralisés (dont la façade aura été, à l’occasion des fêtes de fin d’année, éclairée de guirlandes dorées mais qui n’ouvrira quand même pas ses portes avant dix-sept heures) et prendra soin

- Défense d’entrer avec ses armes !

de déposer son soutien-gorge et sa petite culotte au vestiaire avant de pénétrer dans le réfectoire.


Elle s’installera à la même table, près de la même porte des mêmes toilettes

- L’odeur ! Les mouches !

bouchées par un rouleau de papier hygiénénique, elle boira la même soupe julienne aux pichards en boîte mixés dans le même gobelet en plastique et

- Je veux bien desservir la table mais je ne ramasse pas les mouchoirs et les serviettes en papier !

coudoiera les mêmes personnes.


Et ce ne seront jamais ceux qu’elle attendait, jamais ceux qu’elle espérait, jamais ceux qu’elle aurait voulu

- Avez-vous croisé un (incroyable) magicien, un éléphant (édenté), un mannequin (trop maigre), un cheval (cachectique), un âne (lourdement bâté) ou simplement une chèvre (en divagation) ? Personne n’a demandé à me voir ? Personne ne s’est enquis de ma santé ?

- Personne !

rencontrer.